« Revisiter nos engagements… »
Relais Lumière Espérance rassemble régulièrement des proches de personnes souffrant de maladie psychique. Le 5 juin dernier, ils se sont retrouvés autour du thème : « « Terre/Monde », deux termes en opposition ou en complémentarité ?»
« Terre / monde », deux termes en opposition ou en complémentarité ?
Sous ce titre, nous nous sentons invités à revisiter nos engagements… La terre, c’est un lieu précis, là où j’habite, c’est mon pays… Le monde, c’est un espace plus vaste, l’Humanité, l’univers, la « maison commune » dont parle la lettre du pape François « Laudato si »
Je fais partie d’un ensemble de citoyens, d’un peuple, et je prends ma part dans la vie de la société (associations, syndicats, partis politiques…) Je suis membre d’un corps qui est l’Eglise, dont la tête est le Christ. Quand un membre souffre, tout le corps souffre (1Cor 12, 26) : d’où le besoin qu’on en prenne soin (engagements caritatifs et mouvements de solidarité…)
Chacun fait ce qu’il peut, en fonction de sa personnalité, de ses capacités, de sa disponibilité… l’essentiel est de faire ce que nous estimons devoir faire, là et où nous pouvons le faire.
Quelques questions
nous guident dans nos échanges :
Bien que petit, j’apporte humblement mon grain de sel : mon histoire, ma personnalité, mes engagements dans la ville et / ou ma paroisse. Quels sont-ils ? Quelles richesses à partager ? Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir !
- « Bien que petit » ? chacun de nous exprime ce qu’il essaie de faire, là où il est, dans des engagements divers. Nous n’avons pas à nous comparer ! Chacun fait ce qu’il peut, en fonction de sa personnalité, de ses capacités, de sa disponibilité… l’essentiel est de faire ce que nous estimons devoir faire, là et où nous pouvons le faire. Et pas forcément dans une association quel qu’elle soit ; les solidarités dans le quartier, ou familiales, sont aussi importantes à vivre. Nous avons tous vu combien elles étaient essentielles durant l’année écoulée !
- Ce n’est parfois « pas grand-chose » ! Mais déjà écouter l’autre, lui permettre de se dire, cela peut être essentiel pour lui ; cela peut redonner confiance, redonner vie, être une lumière dans son obscurité.
Nous avons tous un réseau de soutien ; car, avec la maladie de nos proches, il est nécessaire d’être en relation. La maladie isole la personne malade mais aussi son entourage ; et sortir de la solitude nous permet plus aisément d’en sortir la personne malade elle-même… - Les richesses que nous partageons alors sont multiples. Humaines, relationnelles, mais aussi spirituelles au sens large, puisque la relation est première dans la spiritualité chrétienne… Et que notre Dieu s’est révélé comme relation (nous venons de célébrer la Sainte Trinité !)
- C’est souvent après coup que nous nous rendons compte qu’il y a du bonheur à recevoir autant sinon plus qu’à donner ! Mais il nous arrive bien souvent d’avoir aussi besoin de recevoir nous-même. La maladie psychique est énergivore autant pour la personne malade que pour ses aidants.
Il n’est pas rare de constater que notre partage permet à d’autres de partager à leur tour, et qu’il y a, en fait, peu de familles qui ne soient pas, d’une façon ou d’une autre, touchées par la souffrance psychique.
A travers ce que je vis, particulièrement la maladie psychique de l’un des miens, y a-t-il quelque chose de trop salé ou pas assez ? Des mises en lumière plus ou moins fortes ? Qu’est-ce qui est occasion de solidarité, de bienveillance ?
- La référence au sel est liée à notre thème d’année « vous êtes le sel de la terre » « vous êtes la lumière du monde » (Voir notre article sur Catholique95). Nous la comprenons dans une notion de « lourdeur » de ce que nous vivons…
- Partager autour de notre vécu de la maladie psychique est important. Cela permet de relativiser, de voir qu’il existe de multiples souffrances… Mais aussi de voir que nous ne sommes pas seuls. Il n’est pas rare de constater que notre partage permet à d’autres de partager à leur tour, et qu’il y a, en fait, peu de familles qui ne soient pas, d’une façon ou d’une autre, touchées par la souffrance psychique. Mais c’est souvent caché, car cela est douloureux, mais aussi cela fait peur !
- Mais, dans le monde actuel, beaucoup de gens ne savent pas écouter « vraiment » surtout lorsque ce partage est difficile, dérangeant. Notre capacité au partage et à l’écoute est peut-être ce qui donne à nos engagements, une « mise en lumière » particulière.
Si on donne trop, on devient « sec » et on ne peut plus donner ou on donne quelque chose de sec, sans saveur…
Après ce temps de partage, retenir ce qui est bon de retenir, ou de jeter, pour garder le goût de vivre et transmette la lumière de l’Espérance.
- La gratuité est nécessaire, surtout dans le monde actuel…
- Il fait savoir se mettre à l’écart, à distance, sans « trop » donner, au risque de se perdre soi-même… Si on donne trop, on devient « sec » et on ne peut plus donner ou on donne quelque chose de sec, sans saveur…
- Il nous faut aussi croire en la force de la prière. C’est peut-être « petit » mais c’est déjà cela ! Et tout le monde peut le faire ! même dans son isolement relationnel.
Nous terminons notre rencontre en priant avec le Cantique de Zacharie , pour illuminer ceux qui habitent dans les ténèbres, et en reprenant le beau chant « Peuple d’un Dieu qui est justice » qui est un véritable appel à l’engagement à la suite de Jésus qui veut l’Homme debout.
Any Tournesac
Juin 2021
En charge de la Pastorale en Santé Mentale
sante.mentale@catholique95.fr
Groupe “Relais lumière espérance”
du Val-d’Oise
►Réunions 5 fois par an à Taverny
(Paroisse Notre-Dame-des-champs
170, rue d’Herblay)
Contact : Serge Coletti
Tél. : 01 34 13 64 93
QU’EST-CE QUE
« RELAIS LUMIÈRE ESPÉRANCE » ?
Lieu d’accueil et de respect, le groupe « Relais Lumière Espérance » permet à chacun de partager ses difficultés, ses souffrances, ses joies : on se donne des nouvelles, on prie ensemble et on partage autour d’un thème tel que :
- Dans l’accompagnement de mon proche en souffrance psychique, comment prendre en compte ma fragilité ;
- Comment aimer et accompagner nos proches malgré et au-delà de notre sentiment de culpabilité?