Notre-Dame-de-Lourdes d’Argenteuil a fêté ses 100 ans !

Homélie de Stanislas Lalanne
pour le centième anniversaire de la paroisse
et de l’église Notre-Dame de Lourdes d’Argenteuil
Dimanche 26 juin 2022 

Dans cet Evangile, trois petites séquences au goût de paraboles. Trois petites scènes qui éclairent d’un jour nouveau ce qu’est un réel engagement à la suite du Christ. Trois hommes rencontrés par Jésus. 

Le premier qui a entendu l’appel intérieur à suivre Jésus s’imagine que Jésus va quelque part, vers un lieu terrestre où on pourra s’installer confortablement avec lui, en accaparant Jésus pour soi-même : on est si bien avec lui !

Le deuxième n’a pas saisi que pour suivre Jésus il faut entrer dans un mouvement de vie, il faut marcher sur un chemin qui conduit à la vie. Il est même nécessaire de tourner le dos à tout ce qui peut conduire à la mort, à tout ce qui peut nous éloigner de lui. Il ne s’agit pas de mépriser ses parents, de refuser l’amour filial ; il s’agit, pour suivre le Christ, de se tourner résolument vers la vie en refusant les forces de mort : le Règne de Dieu est victoire sur la mort. 

Le troisième n’arrive pas à se libérer de son passé. Jésus ne lui demande pas de refuser les liens humains, les affections et les amitiés. Il lui demande de s’inscrire dans une relation nouvelle avec lui pour accueillir la nouveauté du Royaume qui vient. 

Ces trois petites scènes nous rappellent un aspect fondamental du Christ : il est Celui qui passe ; il est le Dieu du passage, il est le Dieu de Pâques,

Suivre le Christ, c’est d’abord vivre, avec Lui, la Pâque pour qu’advienne le Royaume. Faire advenir le Royaume ce n’est pas regarder en arrière, c’est aller de l’avant.

Notre liberté de suivre ou non le Christ est aussi engagée. Pour le suivre librement, nous ne pouvons pas nous installer : il faut marcher pour le Royaume.

Pour suivre le Christ, il nous faut tourner le dos aux forces du mal, aux forces de mort qui nous emprisonnent et choisir résolument la vie avec Lui.

Pour suivre le Christ, il faut nous libérer de notre passé pour accueillir la nouveauté du Royaume.

Suivre le Christ, c’est accepter de renaître de l’Esprit, de nous laisser déplacer par lui, de le laisser sans cesse nous renouveler sous l’action de l’Esprit Saint.

Ces trois petites scènes nous aident à comprendre que suivre le Christ, c’est choisir la vie en Dieu. Jésus nous redit ce matin : choisis la vie, ose me suivre et mettre tes pas dans les miens. 

C’est bien le chemin pris par tous ceux et celles, ministres ordonnés et fidèles laïcs, qui ont œuvré depuis une centaine d’années dans cette paroisse et se sont mis à répondre à l’appel du Christ et ont répondu à cet appel à la mission qui est bien un fruit de la Résurrection.

De quelles manières ?

• Par la foi reçue et annoncée : catéchèse, catéchuménat des jeunes et des adultes, confirmations, aumônerie, mouvements…
• Par la foi célébrée : liturgie, prière, sacrements…
• Par la foi vécue : charité, service des malades, des plus pauvres, des personnes isolées 

Rendons grâce à Dieu pour ces hommes et ces femmes qui ont assuré la transmission de cette bonne nouvelle : la sainteté est ouverte à tous. 

Sans ces bâtisseurs d’église, sans ces bâtisseurs de communautés vivantes, sans la foi solidement ancrée au Christ ressuscité, sans leur audace créatrice, les chrétiens ne se seraient pas rassemblés :

• pour prier, rendre grâce, louer, supplier,
• demander pardon,
• vivre les sacrements de l’initiation chrétienne,
• célébrer les grandes étapes de leur vie chrétienne… 

Sans eux nous ne serions pas rassemblés ici ce matin. Pour une part, nous sommes des héritiers !

Rendons grâce à Dieu pour ces enfants, ces jeunes et ces adultes qui, année après année, ici dans cette paroisse, ont fidèlement reçu et fait leurs cette parole de Jésus rapporté par saint Jean : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » 

Oui, rendons grâce pour tous les prêtres et les fidèles laïcs, pour les fils de la charité en particulier, qui ont célébré ici, semaine après semaine, l’eucharistie, source et sommet de toute vie chrétienne. 

Je me souviens de cette phrase de Paul VI dans son exhortation Evangelii nuntiandi (1975) qui n’a pas perdu une ride : « La rupture entre l’Evangile et la culture est le drame de notre époque… »

C’est bien le défi auquel nous sommes confrontés pour aujourd’hui et pour demain. Comment dire Dieu à nos contemporains dans un monde en profonde mutation :

• la société s’est énormément sécularisée,
• nous sommes plongés dans une crise de transmission généralisée,
• réseaux sociaux, virtuel et réel inextricablement liés,
• plus de hiérarchie des vérités : abondance de messages qui viennent nous dire ce qu’il faut faire, ce qu’il faut croire…
• confrontation avec d’autres religions,
• des manières différentes d’habiter le monde,
• incertitudes par rapport à l’avenir,
• menaces de la guerre, des épidémies…
• abus sexuels, abus de conscience, de pouvoir au sein de l’Eglise. 

Et en même temps, comme évêque, il m’est donné de voir, presqu’à l’œil nu, l’action de l’Esprit Saint dans les cœurs ! J’ai vu et je vois plus de collaboration, d’amour, de joie et de services que d’autre chose. Les exemples sont multiples.

C’est pourquoi il est juste de célébrer dans l’eucharistie cent années de vie, de service. L’eucharistie rappelle à notre mémoire qu’être chrétien, c’est manger et boire ensemble, c’est se mettre à l’ouvrage, collaborer et partager. 

Ce mot « partage » est très fort pour le christianisme. C’est dans le partage vécu avec joie et amour que le christianisme peut vivre et poursuivre sa route. Alors, aujourd’hui, nous sommes invités, pour ce centenaire, à habiter notre identité, en nous inscrivant dans la mission de Jésus. 

La communauté qui sait oublier toutes les divergences pour travailler ensemble, pour donner ensemble ce qu’elle a reçue afin que beaucoup d’autres personnes découvrent le bonheur d’être aimées gratuitement. Ce n’est pas là une utopie qui serait vécue le temps d’une messe, d’une homélie ou d’un chant !

C’est Dieu notre amour et notre espérance. En lui, nous trouvons la source, nous trouvons la force qui, malgré tout, nous aide à avancer sur notre route. Tout est possible quand Dieu est au centre, tout est possible quand Dieu est la source qui maintient et renouvelle nos cœurs. 

Tous, vous êtes invités par le Seigneur à entrer dans son amour, dans la mission qu’il vous confie comme prêtres, laïcs, enfants, jeunes et adultes. 

Quoi qu’il arrive, le Seigneur est avec nous. C’est pourquoi nous voulons rendre grâce dans cette célébration pour les fruits de l’Esprit. Amen.