Messe d’action de grâce à Eaubonne
A Eaubonne, ce dimanche 23 juin 2024, une messe d’action de grâce a été célébrée pour remercier Mgr Stanislas Lalanne pour les 11 ans au service du diocèse. Lire son homélie.
Homélie de Stanislas Lalanne
à Eaubonne
Dimanche 23 juin 2024
« Passons sur l’autre rive. » Belle invitation en cette fin de mission dans notre beau diocèse !
Après avoir prêché en paraboles, sur la barque qui sert de porte-voix et de chaire, Jésus invite ses disciples à traverser le lac, à passer sur l’autre rive, en terre païenne. Une parabole en acte !
C’est le soir, il fait sombre, la barque porte-parole navigue vers l’autre rive. Les disciples s’embarquent pour une parole de foi. Mis en mouvement par la parole de Jésus, c’est aussi leur foi qui bougera jusqu’à la question : mais « Qui est-il donc ? »
C’est également la question portée par tant et tant de personnes dans le Val-d’Oise, chrétiens ou pas ! J’en ai été témoin de mille manières durant ces 11 années.
Jésus, Parole vivante, traverse la mer avec ses amis, pour les ouvrir à la paix d’une traversée intérieure.
Pour les Hébreux, la mer est le repère des démons, des forces du mal, des dragons de l’angoisse et de la violence. Les monstres dévoreurs de la vie et de la joie veulent engloutir la fragile barque de la Parole. Et Jésus dort !
Nous pouvons aussi, à certains moments, penser qu’il dort, qu’il est absent et qu’il nous abandonne. Moins de pratique religieuse, une indifférence grandissante, une transmission plus difficile, des temps plus rudes pour la mission…
En fait, Jésus s’abandonne à son Père, se reposant en Lui. Sur la croix il dira : « Père, entre tes mains je remets ma vie. »
Réveillé il commande à l’ouragan de la mort : « Silence, tais-toi ! » Il parle pour faire jaillir la vie et la paix, comme au matin de la Création. Après le sommeil dans la tempête, signe de mort, ce réveil de Jésus est résurrection.
Alors il se fait un grand calme. Le gouffre de la mort devient un berceau. Comme avec Moïse, la mer s’ouvre en chemin de libération.
Le passage devient Pâques. L’autre rive est celle de la Résurrection. Que de fois ce passage d’Evangile m’a rejoint personnellement.
« Passons sur l’autre rive. » Vous avez remarqué ? Jésus ne dit pas : « passez » mais « passons », ensemble.
La barque devient tabernacle de la Parole, s’aventurant dans les cyclones de l’histoire et de la vie. Cette barque, c’est l’Eglise, vaisseau ballotté, toujours abîmé et toujours réparé. Cette belle Eglise en Val-d’Oise…
Je peux en attester devant vous : un nouveau souffle l’habite. Je pourrais témoigner de milliers d’exemples de passages sur l’autre rive. En particulier de si nombreux catéchumènes, jeunes et adultes, qui m’ont invité en permanence à l’action de grâce et qui m’ont confié que Dieu les avait littéralement sauvés.
Me reviennent à la mémoire tant et tant de visages, de rencontres personnelles, de célébrations, en particulier les messes chrismales, de pèlerinages, de parcours de formation, comme le parcours Galilée.
Je pense aussi à l’année Samuel, aux appels décisifs, aux confirmations, à la création de « puits de la Parole », de petites fraternités, à la Grande Assemblée à la Pentecôte, aux ordinations de 13 diacres et 9 prêtres, aux professions religieuses, aux consécrations dans l’Ordre des Vierges…
Je pense encore aux rencontres des conseils, en particulier du conseil épiscopal, mais aussi au conseil presbytéral… Que de motifs d’action de grâce !
Me reviennent aussi à la mémoire des épreuves, des souffrances, des deuils, mais aussi tant et tant de collaborations confiantes si précieuses.
L’Eglise, petit navire qui a beaucoup navigué, loin de son port tranquille, vers l’autre rive qui sans cesse recule… Mais en elle repose la Parole de vie.
« Passons sur l’autre rive. » Oui. Mais « qui est-il donc » celui qui invite à passer et fait taire la mer ?
Alors même que nous passons les épreuves de la vie, un passage s’ouvre, en nous, qui nous secoue bien sûr mais qui nous offre la paix. Car l’autre rive est aussi en nous. Et la parole nous traverse dans toutes nos traversées. Comme vous j’en ai fait et j’en fais l’expérience personnelle.
Son glaive tranchant déchire les fantômes rugissants qui hantent nos images de Dieu.
« Silence, tais-toi ! », crie Jésus au mensonge qui nous porte pour mieux nous noyer. Alors viennent le calme et la paix.
« Qui est-il donc », celui qui fait taire toutes les forces de la mort ? C’est la question de la foi qui nous traverse au cœur de nos tempêtes.
C’est la question de Dieu qui surgit quand nous posons la question de l’homme. C’est Dieu qui nous appelle quand nous l’interrogeons dans nos peurs.
La Parole est toujours dans la barque, mais elle prend corps en nous alors que nous partions la chercher sur des rives lointaines.
Notre corps devient barque, planche de salut, où la parole de Dieu se greffe, se laisse clouer, comme sur un lit de souffrances, et parfois se reposer. Nos idoles et nos dragons intérieurs meurent. Alors, dans le silence, nous pouvons entendre le murmure de la Parole qui nous offre la paix.
Peureux, nous traversions la vie… et voilà que la vie nous traverse, nous rendant heureux. Je peux vous le confier, cette joie a été la mienne tout au long de ces années, une joie profonde, une joie intime.
« Qui est-il donc ? »
Il est le Vivant qui nous donne la vie du Père. Le vivant qui nous arrache aux griffes de la mort pour nous conduire au rivage où le Père nous attend.
Chers amis, quels que soient vos tempêtes et peut-être vos naufrages, passez, avec Jésus, sur l’autre rive. Elle est habitée par le Père.
Que Jésus ressuscite votre foi et libère en vous la joie. Et pour que la flamme fragile de la joie ne s’éteigne pas, le monde a besoin de vous.
- Le monde a besoin de témoins de l’Evangile qui passent sur l’autre rive.
- Il a besoin d’enfants et de jeunes heureux de croire,
- Il a besoin de femmes et d’hommes engagés dans les combats de la cité et le souci des plus pauvres.
- Il a besoin de femmes et d’hommes, engagés pour toujours dans l’amour, qui donnent la vie et la joie à leurs enfants.
- Il a besoin de femmes et d’hommes qui acceptent de tout quitter pour l’amour de Dieu et pour le service de leurs frères dans la vie consacrée.
- Il a besoin d’hommes qui acceptent de répondre à l’appel du Christ en devenant les prêtres et les diacres de son Eglise.
Ne fuyez pas ces appels sinon vous risqueriez de vous en aller comme l’homme riche de l’Evangile qui « s’assombrit et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ».
Ne choisissez pas la tristesse, choisissez la joie ! Et que Dieu vous garde tous dans cette joie, dans sa joie. Amen.
23 Juin 2024
Les prochaines messes d’action de grâce
- Dimanche 30 juin à 10h30 à l’église Saint-Jean-XXIII de Sarcelles
- Dimanche 30 juin à 18h à la basilique Saint-Denys d’Argenteuil (Place Jean-Eurieult 95100)
- Mercredi 3 juillet à 18h30 à la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise (Place du Petit Martroy 95300)