« L’Eglise : qu’avez-vous à lui dire ? »

Des bénévoles et des personnes accueillies au Secours catholique se sont réunis pour participer au Synode. Ensemble, ils ont ont répondu à ces trois questions : Comment voyez-vous l’Eglise Catholique ? Comment vivez-vous L’Eglise ? Qu’avez-vous à lui dire ?

Animé par François Herbinet, président du Secours catholique du Val-d’Oise, un groupe de treize personnes s’est retrouvé pour contribuer au Synode. Un groupe très divers car parmi ces personnes, on comptait 9 bénévoles, 3 personnes accueillies, 1 frère de l’ordre franciscain régulier, 1 allemande, 2 congolaises, 1 syrienne, 8 « gaulois », 1 protestante luthérienne, 1 orthodoxe, 10 catholiques pratiquants ou non, 1 personne proche des pentecôtistes.

Les participants ont vécu cette rencontre dans un climat de confiance et tous ont pu s’exprimer librement avec une belle écoute mutuelle. Dans un premier temps en commun, chacun s’est présenté et a expliqué pourquoi il avait souhaité participer. Dans un second temps, en deux sous-groupes, ils ont répondu à ces 3 questions proposées par le Secours Catholique Caritas France : Comment voyez-vous l’Eglise Catholique ? Comment vivez-vous L’Eglise ? Qu’avez-vous à lui dire ?

Ici a été fait le choix de rapporter les expressions fidèles de chacune et de chacun :

 

Première question :
Comment voyez-vous l’Eglise Catholique ?

  • Institution très hiérarchisée, Vatican lieu de pouvoir, « Eglise parmi les plus puissantes du monde ». Très cléricale : pape, évêques, prêtres. Organisation lourde et obscure, fonctionnant en « entre soi ». Mais appréciée par notamment les protestants par sa cohésion.
  • Artisan de paix, repère moral pour tout le monde, même pour les non catholiques, avec le souci des plus pauvres en France et à l’international ; riche en infrastructures, engagée dans des activités telles que les hôpitaux, les écoles, le soin, l’éducation de la jeunesse.
  • Désespérante (en France) : de belles églises à l’architecture magnifique mais vides, manquant de prêtres (en particulier en monde rural), avec des pratiques figées et un langage opaque compréhensible uniquement par les « initiés ». Des célébrations qui manquent de naturel, de spontanéité, passivité de l’assemblée peu participative.
  • Eglise dogmatique et donneuse de leçons ; des prêtres coupés de la réalité de la vraie vie et de la société telle qu’elle est aujourd’hui ; Eglise bloquée sur les sujets comme le mariage des prêtres, le sort des divorcés (exclus), la crémation, la place des femmes, la place et le pouvoir donnés aux laïcs. « Eglise en perdition, qui n’évolue pas ».
  • Le pape François, est d’une ouverture incroyable, enfin un pape qui change de ses prédécesseurs et qui cherche à faire revenir à l’essentiel. Regret que le changement amorcé par Vatican II se soit ralenti.

L’Eglise est un e institution très hiérarchisée, très cléricale… Son organisation est lourde et obscure, fonctionnant en « entre soi ». Mais elle est appréciée par notamment les protestants par sa cohésion…

Deuxième question :
Comment vivez-vous L’Eglise ?

  • La plupart de nos enfants et petits-enfants se sont éloignés de l’Eglise, même ceux qui ont été catéchisés.
  • L’église est un lieu sacré, où les gens se rencontrent pour adorer Dieu, pour témoigner, un lieu des sacrements. « Un lieu pour adorer la Vierge Marie, un lieu où tu te poses des questions de vie, un lieu pour changer d’attitudes et de comportements ».
  • Les fêtes pascales sont un moment extraordinaire.
  • « Avec le latin, on pouvait suivre la messe dans n’importe quel pays ».
  • Vivre sa foi dans l’engagement : secours catholique, ordre franciscain régulier, alcooliques anonymes, écoute téléphonique, SEM ; je me sens bien au Secours Catholique, bien que non catholique.
  • La foi ne peut pas rester au temple ou à l’église : « j’ai besoin de vivre ma foi au Secours Catholique où on accueille tous types de personnes ». « Au Secours Catholique, je prie, j’y fais Eglise car j’y rencontre des personnes qui me disent Dieu » ; « c’est aussi une façon de faire de la politique ».
  • « Le manque de participation de l’assistance m’éloigne des messes régulières ». « Je préfère aller me recueillir et prier seule à l’église ».
  • « L’Eglise Catholique ne m’a pas aidé à régler des problèmes concrets dans ma vie de couple. C’est avec une amie pentecôtiste que je m’en suis sortie ». Les protestants sont plus présents et efficaces. Mais j’ai de l’admiration pour les catholiques qui font vraiment Eglise.
  • « Divorcée, je suis en colère sur la place que l’Eglise me laisse car la communion c’est très important. Depuis la mort de mon compagnon, je doute et j’en veux un peu au bon Dieu ».
  • « Mon passage au petit séminaire fut une expérience très difficile ; Il m’a fallu dix ans pour m’en remettre … » (années 1960, sans détail).
  • « Très choquée par le rapport de la CIASE. Je suis tiraillée entre cette Eglise là et celle que je vis.»
  • « Parfois, je préfère me dire chrétien plutôt que catholique ».
  • « En France, on ne prie pas » (congolaise). Il faut avoir des prières personnelles, à la maison, en famille etc… »

Troisième question :
Qu’avez-vous à lui dire ?

(Après lecture d’une intervention du pape François à la Caritas Italie sur le regard des pauvres )

  • Pour le mariage des prêtres et des évêques :
    – Ils seraient plus écoutés et crédibles s’ils partageaient une vie de couple et de famille.
    – Vivre une sexualité normale éviterait bien des dérives dramatiques (troubles psychologiques ou psychiatriques, pédophilie, vie maritale cachée, reconversions douloureuses…)
    – Ils auraient droit à une retraite décente
    – Ref : 1è épitre à Timothée 3 ; 1-7
  • Pour des liturgies vivantes, participatives, joyeuses :
    – Un langage compréhensible au plus grand nombre, moins intellectuel
    – Donner la parole aux fidèles dans les célébrations (par exemple lors de la prière universelle)
    – Faire témoigner les laïcs et les personnes accompagnées sur leurs engagements. Les personnes que le Secours Catholique accueille acceptent de s’exposer. Et nous, témoignons- nous ?
    – Des chants, des musiques, des gestuelles divers et variés permettant de prier avec le corps autant qu’avec l’esprit.
    – Nos églises ne sont-elles que de belles cathédrales ? Elles devraient être d’abord des lieux d’humanité, de fraternité. Etre inventifs pour en faire des lieux de dialogue et d’action au service du frère.
  • La place des laïcs et des femmes :
    – Les laïcs devraient être les poutres maîtresses du fonctionnement d’une paroisse. Ils assurent la continuité de la vie paroissiale, alors que les curés et prêtres se succèdent.
    Les décisions importantes doivent donc être prises collégialement entre clercs et laïcs. Ceci suppose des laïcs formés et missionnés par la communauté (EAP, conseil de la mission, conseil économique…).
    – De même au niveau diocésain, la composition du conseil épiscopal pourrait être à parité clercs/laïcs et hommes/femmes.
    – Pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas avoir accès au sacré ? Diaconat, homélies, baptêmes, mariages (ref. pasteures protestantes).
  • Le sort des divorcés :
    – L’interdiction de communier faite aux divorcés est objet de tant de souffrances pour les croyants. Ne sommes-nous donc pas tous pécheurs ? Et la miséricorde et la tendresse de Dieu ne sont-elles pas infinies ?
    – Oui, après un sacrement de réconciliation sincère, les divorcé.e.s devraient pouvoir communier.
  • Le rapport de l’Eglise à l’argent :
    – L’Amour de Dieu est gratuit. Les célébrations et les sacrements ne devraient pas être tarifés (intentions de messe, mariages, baptêmes, obsèques). La prière de la communauté ne doit pas se monnayer ! Seules des indications de coût devrait suffire pour susciter les dons, et chacun, quelques soient ses ressources, devrait être accueilli dans ses demandes.
  • L’accueil :
    – L’accueil en paroisse ne doit pas ressembler à un guichet de l’administration. C’est d’abord la personne qui doit être accueillie. Il sera toujours temps de rassembler ensuite les informations et documents nécessaires. Ceci suppose des lieux d’accueil appropriés, des personnes réellement formées et missionnées à l’accueil.
    – L’ouverture de « tiers lieux » ouverts à tous, pour faire Eglise.
  • La communication :
    – Dans un monde devenu si complexe, si multiple, l’Eglise (et les chrétiens en premier lieu) se devrait de faire preuve d’une grande humilité, d’une plus grande ouverture. Accepter l’autre là où il est et cheminer avec lui (cf les disciples d’Emmaüs). Il faut continuer sur la voie que le pape François nous indique : revenir à l’essentiel, reconnaître nos erreurs et nos faiblesses, ne pas porter de jugement.
  • La transmission de la foi :
    – Malheureusement pas de propositions sur ce thème, mais nous espérons que d’autres groupes plus axés sur cela auront des propositions pour répondre à ce défi de la transmission.

Recueilli par François Herbinet
Avril 2022

 
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Du 17 octobre 2021 au 10 avril 2022, tous les baptisés du Val-d’Oise sont invités à participer à la phase diocésaine du synode des évêques convoqué à Rome par le pape François en 2023. Individuellement ou en groupe, partagez le fruit de vos réflexions et de vos échanges !

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