Je crois que nous sommes unanimes, dans cette assemblée, pour rendre grâce avec toi pour l’œuvre de Dieu dans ta vie. Un anniversaire est toujours une occasion de relire sa vie à la lumière du Seigneur… 

Un siècle ! Ce n’est pas rien. Nous le savons, avant même de commencer sa journée, l’homme est invité à remercier pour le temps qui lui est donné. Pas seulement pour ce que sera ce temps, mais par le simple fait qu’il existe.

Rendre grâce à Dieu pour le temps offert par lui, c’est comme rendre grâce pour la journée qui vient comme une page blanche où chacun pourra écrire avec son Dieu, les événements à venir. 

Nous avons tous besoin du temps pour changer, pour cheminer, pour nous convertir, pour nous transformer. Roger, tu en fais l’expérience personnelle depuis plus longtemps que d’autres ! 

Comme l’évoque le pape François, le temps est supérieur à l’espace parce qu’il est l’instance majeure de notre rapport au changement.

Avec nous, Dieu ne cesse de prendre son temps, de prendre patience car notre cœur est lent à croire !

Pour nous chrétiens, investir le temps est un acte de foi, un acte pour la vie. Et nous sommes appelés à vivre comme des veilleurs et à agir comme si tout dépendait de nous, en sachant que rien n’en dépend !

 Le temps nous est donné pour nous préparer à la fin des temps. Non pas comme une catastrophe à venir mais comme l’entrée dans la plénitude de la relation à Dieu. La vie humaine comme un long pèlerinage… 

Roger, je t’avais proposé d’assurer la prédication mais tu m’as répondu négativement en me disant bien que tu ne voulais, en aucun cas, que je fasse un panégyrique… Dont acte !

Ce n’est pas mon intention de te mettre sur un piédestal, mais il est bon de faire mémoire de quelques étapes de ton ministère, sans bien sûr vouloir être exhaustif, ne serait-ce pour rendre grâce de cette vie donnée au service des frères… 

Récoutons encore les paroles de saint Paul : « Nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre, afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés. » 

Grâce et mission : les maîtres-mots de notre ministère, de ton ministère ! Appelés et envoyés… 

Roger, tu as commencé à mettre en place dans le diocèse des aumôneries pour les personnes en souffrance psychique. 

Tu as été l’un des premiers, sinon le premier, en France, à créer ce type de pastorale. Puis, les autres branches de la pastorale santé ont été développées. Pastorale des personnes handicapées physiques et pastorale en santé mentale. 

C’est toi qui as mis en route la pastorale de la santé dans notre diocèse, du temps de Mgr Rousset, si j’en crois mes informateurs, Daniel Ducasse et Michèle Langlais ! 

Tu en as posé les fondements, tu as accompagné les laïcs et tu en accompagnes toujours aujourd’hui…

Je pense à la création du Relais Lumière Espérance pour les proches (famille et amis) des personnes en souffrance psychique. 

Cher Roger, bien qu’Oratorien, tu es très attaché au diocèse de Pontoise. Et le diocèse te doit beaucoup. 

Je crois, d’ailleurs, que tu étais dans le diocèse, à Montsoult, avant même sa création en 1966. 

Nous rendons grâce pour ta manière simple et fraternelle d’entrer en relation avec discrétion mais avec une grande présence. Tu sais écouter et donner espérance aux personnes en difficulté. 

C’est tellement important d’être attentif à ce que vivent les gens, particulièrement les petits, les démunis, les personnes fragiles. 

Personnellement, je trouve que ce n’est pas évident de parler simplement de la foi et de l’Evangile aux personnes malades et en souffrance psychique ! 

Ce sens pastoral te fait aller à l’essentiel du mystère chrétien avec elles. Tu as de l’estime pour ces personnes en souffrance, ce qui te permet de trouver des chemins simples de partage. 

Je suis impressionné, car tu as gardé cette lucidité et cette mémoire malgré les années… Mémoire des personnes, de leur visage et de leur prénom…

Mémoire des événements… Je pense en particulier au concile Vatican II que tu as suivi avec bonheur.

Tu t’es aussi beaucoup investi à Massabielle où tu as assuré pendant des années une permanence chaque semaine pour recevoir et écouter les personnes, les accompagner spirituellement, célébrer avec elles le sacrement de la réconciliation.

Je termine. Finalement suivre Jésus, c’est mettre ses pas dans les siens et vivre avec lui un passage vers la liberté intérieure :

• liberté de dire oui à Dieu,
• liberté de se donner aux autres avec lui,
• liberté de partager l’espérance qui vient de lui.

Ta vocation de prêtre t’a toujours appelé à marcher à la suite du Christ sans « regarder en arrière », dans une Eglise qui n’est pas celle du passé, de nos souvenirs, de nos nostalgies, mais qui se veut plus que jamais présente à notre humanité aujourd’hui.

• Cet amour miséricordieux qui a pris une expression particulière dans ta vie,
• cet amour que tu as ressenti de la part du Christ posant sur toi son regard,
• cet amour qui t’a conduit à donner ta vie, par amour de Dieu et par amour des hommes.

Pour tout cela et pour tout le reste que chacun ici pourrait exprimer, nous rendons grâce à Dieu. Amen.

Mgr Stanislas Lalanne