L’évangile selon saint Luc
en intégralité

Retrouvez, en audio, l’intégralité de l’évangile selon saint Luc. Avec une introduction écrite par le bibliste Damien Noël. Et en prime : tout l’évangile de Marc et tout l’evangile de Matthieu en audio !

Entrer dans un évangile, c’est prendre une route vers un visage de Jésus-Christ, sous la conduite d’un évangéliste, en compagnie des premiers destinataires de son œuvre, pour aboutir aujourd’hui à une rencontre du Seigneur, en Eglise, dans le monde qui est le nôtre.

Nous allons voir d’abord qui est Luc, qui sont ses premiers lecteurs. Puis, nous nous arrêterons aux caractéristiques du troisième évangile. Enfin, nous proposerons une démarche et un programme de lecture.

« Luc, notre ami médecin »

« Vous avez les salutations de Luc, notre ami médecin. » Voilà ce qu’écrit Paul en conclusion de sa lettre aux Colossiens (Col 4,14). Luc est encore mentionné en 2 Timothée 4,11 et Philémon 24.

Cette dernière mention est spécialement intéressante puisque, dans son billet à Philémon, Paul traite du cas d’un esclave qui a quitté son maître pour le suivre. Paul recommande donc à Philémon, le maître, de reprendre son esclave sans exercer de représailles à son encontre et de le recevoir comme un frère en raison de sa qualité de chrétien (Phm 16). Cet exemple montre que Paul se souciait de la relation, difficile parfois, entre maîtres et esclaves, et que Luc devait partager avec lui cette préoccupation.

Que l’Eglise soit une communauté
où les pauvres ont leur place et sont respectés,
ce souci marquera tout l’évangile de Luc.

Luc apparaît donc comme un compagnon de Paul dans la grande mission du bassin méditerranéen, ouverture décisive de l’Eglise au monde « païen ». Il est associé à l’Apôtre et porte avec lui certaines priorités missionnaires et pastorales, dans un monde cosmopolite et très socialement clivé. Pour Paul, en accord avec Pierre et les Apôtres, une priorité s’impose : les pauvres (voir Galates 2,9-10). 

Que l’Eglise soit une communauté où les pauvres ont leur place et sont respectés (voir 1 Corinthiens 11,20-22, où Paul dénonce le comportement des riches aux eucharisties de Corinthe), ce souci marquera tout l’évangile de Luc. 

Témoin et porteur de la tradition apostolique, Luc est parfaitement informé de ce qui s’écrit déjà ailleurs sur Jésus. Ces autres auteurs, il les appelle « rameurs sous la Parole » (Luc 1,2). A son tour, il écrit un évangile, au service de la Parole reçue (voir Luc 1,1-4). Plus tard, il ajoutera un second livre, les Actes des Apôtres, et son œuvre couvrira ainsi l’ensemble des tout premiers temps chrétiens (voir Actes 1,1). 

Nous pouvons donc le lire avec confiance, c’est un auteur qui a quelque chose à dire. Avec lui nous retrouverons l’ambiance des fondations chrétiennes dans ces énormes villes grecques qui annoncent, en quelque sorte, nos fondations actuelles, dans un cadre difficile que nous connaissons bien.

Luc tente de sortir le plus loin possible
d’une présentation exclusivement palestinienne
de Jésus, pour le rendre accessible à tous…

Un évangile moderne 

L’originalité de Luc : les « perles » de Luc sont bien connues, même si l’on ne sait pas toujours qu’elles sont de lui, et de lui seul : la Vierge et l’Ange, la crèche de Bethléem, le Bon Samaritain, l’Enfant prodigue, Zachée, le Bon Larron, les disciples d’Emmaüs. Luc est un artiste de la foi. 

Mais il faut fouiller davantage. L’originalité d’un évangile s’apprécie en effet, 

  • en comparant sa manière de faire à celle des autres quand ils sont sur un même « coup »
  • en découvrant ce qu’il est le seul à dire
  • en remarquant ses insistances 

(pour ces trois opérations, on peut utiliser une synopse, livre qui donne les quatre textes des évangiles en parallèle) 

En lisant et relisant Luc on découvre alors : 

  • un évangile de l’ouverture : sans couper les racines avec Jérusalem – au contraire, la ville et son Temple sont au centre de son livre – Luc tente de sortir le plus loin possible d’une présentation exclusivement palestinienne de Jésus, pour le rendre accessible à tous. Voyons là le fruit de son métier de missionnaire. D’ailleurs, le verbe évangéliser est presque exclusivement employé par Luc et Paul (évangile et Actes) dans l’ensemble du Nouveau Testament. Quel indice ! 
  • un évangile pour les exclus : comme les autres évangiles, Luc connaît la prise en compte par Jésus des malades et handicapés. Mais on le voit insister sur les étrangers : Samaritains, fonctionnaires romains sur lesquels il porte un œil très favorable, y compris Pilate ; les publicains : le Pharisien et le Publicain, Zachée ; et les femmes : Marie, Marthe et Marie, les femmes riches qui soutiennent Jésus et son groupe. Toutes ces catégories sont fortement méprisées dans la société d’alors. Leur présence dans le livre de Luc est donc un signal de changement. 
  • un évangile de justice : la place de l’argent occupe une bonne partie des paroles de Jésus que Luc est le seul à rapporter. Il y a là l’écho évident d’une préoccupation précise dans les Eglises de la mission de Paul. Luc est largement en tête pour l’emploi des mots riche et pauvre, par rapport aux autres évangiles. Ceci dénote une attention spéciale à cette question. Avec la lettre de Jacques, l’évangile de Luc est le plus ancien document chrétien qui interpelle l’ensemble des croyants sur ce point. Enfin, dans le Magnificat, la Vierge Marie, qui porte en elle Celui qui est déjà le Fils de Dieu, exprime très clairement sa joie de voir Dieu renverser les perspectives habituelles, tant celles des riches que celles des pauvres. 

Tels sont les points forts de Luc. Pour lui, Jésus est le Seigneur de tous les hommes, il doit être accessible à tous, dans leur culture, en commençant par les plus petits. 

L’Eglise doit annoncer une nouveauté : celle du Royaume. Il lui faut donc s’ouvrir, rejoindre en priorité ceux qui ne sont jamais pris en compte par personne et manifester ainsi le salut d’une manière crédible. Ce monde grec dans lequel, selon certaines estimations, 95% de la population étaient des esclaves, contre 5 % de citoyens libres, n’est évidemment plus le nôtre. Mais toute ressemblance avec le film n’est pas forcément un hasard…

L’Eglise doit annoncer une nouveauté : celle du Royaume. Il lui faut donc rejoindre en priorité ceux qui ne sont jamais pris en compte et manifester ainsi le salut d’une manière crédible.

Avec Luc, partir à la rencontre de Jésus-Christ et des hommes

Ce n’est pas un programme de lecture qui est proposé ici, mais un départ spirituel dans trois domaines bien connus de la vie chrétienne : 

  • partir dans la prière : l’Esprit Saint, la louange, la joie, le pardon constituent l’univers spirituel de Luc. Dans cet évangile, on voit Jésus prier à dix reprises. La base de la prière, c’est la place réelle que nous laissons prendre à Dieu dans le temps de notre vie. Sur ce sujet, nous recommandons l’épisode de Marthe et Marie (Luc 10,38-42). Savoir s’arrêter, se livrer au face-à-face, Jésus appelle cela « la meilleure part ». Pour ce départ dans la prière, Luc nous propose de suivre la Vierge, celle de l’Annonciation, du Magnificat (Luc 1,26-38 et 1,46-55). 
  • partir vers la justice : Luc donne un ton bien précis aux Béatitudes, qu’il accompagne d’ailleurs de malédictions à l’adresse des riches (Luc 6,20-26). Sur la place de l’argent, on pourra lire la dispute à propos d’un héritage, et tout l’enseignement donné par Jésus à cette occasion (Luc 12,13-34). L’invitation des pauvres (Luc 14,12-14) ne concerne évidemment pas que des pratiques de table. Elle nous interroge sur nos cercles habituels de relations, sur notre capacité d’attention aux personnes dont l’histoire est marquée par les disqualifications, les exclusions de toutes sortes. 
  • partir en mission : à la suite des Douze (Luc 9) mais aussi des Soixante Douze (Luc 10), nous sommes tous missionnaires, pour tous les peuples. Selon Luc, la mission c’est les petits d’abord. On pourra lire en ce sens l’homélie-programme de Jésus sur le texte d’Isaïe 61, à la synagogue de Nazareth (Luc 4,16-21). Enfin, c’est avec le Ressuscité, pour Luc, le « Vivant », que nous partons « vers toutes nations ». Le texte de Luc 24, les disciples d’Emmaüs, nous montrera comment l’Ecriture, l’Eucharistie et l’Esprit Saint assurent dans l’Eglise la vitalité missionnaire souhaitée par son Seigneur. 

Bien d’autres textes seraient évidemment à conseiller. Ce ne sont ici que des propositions. Notre souhait, naturellement, serait de voir tout le monde lire tout l’évangile de Luc… et de progresser ensemble sur les points qu’il souligne particulièrement. Essayons donc.

Damien Noël
Publié en Mars 2021

 

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