Homélie de Stanislas Lalanne
Appel décisif des jeunes catéchumènes
Cathédrale Saint-Maclou – Samedi 4 mars 2023

Jésus emmène donc ses disciples sur la montagne pour prier, dialoguer avec son Père, lui manifester son amour et échanger sur sa vie et sa mission. Et voici que les trois disciples sont témoins d’une chose qui les dépasse. Le visage de Jésus devient lumineux, il irradie la lumière par tout son corps et ses vêtements deviennent d’un blanc resplendissant.

Les apôtres se réjouissent de voir Jésus converser avec Moïse et Elie. Ils veulent s’installer dans et planter trois tentes pour faire durer cette rencontre, pour s’isoler et s’installer dans un état de béatitude, en s’évadant de la société, en fuyant les rencontres. Mais une nuée vient les envelopper. Et d’entre les nuages se fait entendre une voix : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le. »

Le message a été donné, l’annonce a été faite. Tout devient normal. Jésus et ses disciples retournent sur le chemin qui le conduira par sa Passion et sa mort, à la gloire de la Résurrection.

Cette anticipation de Pâques, de la Résurrection plus forte que la mort, va permettre aux apôtres de vivre ce chemin difficile et rude, ce combat spirituel, avec la certitude que la Vie aura le dernier mot…

Cette expérience de la Transfiguration, de la lumière du Christ qui irradie la vie a été aussi la vôtre. Vous que le Seigneur appelle, vous avez reconnu en Jésus le Fils de Dieu, le bien-aimé du Père et vous l’avez écouté. Vous avez alors demandé à recevoir le baptême.

Vous me l’avez confié dans vos lettres. Elles m’ont touché car vous vous êtes confiés à moi avec beaucoup de spontanéité et de simplicité.

« J’ai rencontré Jésus lors d’une messe. Avant j’étais athée comme la famille dans laquelle j’ai grandi. La religion m’interrogeait, Dieu m’interrogeait. Mais j’étais perdue et je ne savais pas par quel bout commencer. Un dimanche, je suis allée à la messe avec mon beau-père. Une très forte sensation s’est fait sentir au niveau de mon cœur : il battait très fort et j’ai commencé à pleurer, mais pas de tristesse. J’étais apaisée et par grâce je ressentais l’amour de Dieu. J’étais aimée et je lui ai ouvert grand mon cœur, je l’ai laissé entrer dans ma vie… et tout va bien mieux ! »

«  Ma foi est apparue tardivement. [Avant cela, j’étais plutôt ce qu’on pourrait qualifier de « pro-athée » jusqu’à ce que] mon petit frère, un été, exprime son désir d’être baptisé. C’est alors que dans les mois qui ont suivi, un enchaînement de signes m’ont fait changer d’avis. Très vite, mon cerveau n’avait plus de doute sur l’existence de Dieu mais il restait encore à convaincre mon cœur. Et ce sont les récits de mon grand-père qui m’ont conduit vers la religion chrétienne. Mais c’est en allant la première fois à la messe que mon cœur a réellement basculé. Je ne m’étais jamais senti aussi bien dans un lieu. Un an plus tard, je vais chaque semaine à la messe. C’est un moment d’apprentissage privilégié et de rencontre avec des gens formidables. Je demande aujourd’hui à recevoir le baptême car j’ai reçu un amour que je ne saurais expliquer. »

« En 2021, j’ai commencé à me poser beaucoup de questions qui ne trouvaient pas de réponses et au fond de moi je savais qu’il y avait un dieu ou quelqu’un qui, quelque part, avait les réponses à toutes mes questions. Durant des années, j’ai préféré nier cette vérité. J’avais peur de devoir changer mes habitudes, changer mon mode de vie, et de devoir accepter qu’il y a quelqu’un d’infiniment plus puissant que moi. Petit à petit, je n’arrivais plus à avancer dans ma vie… Alors j’ai commandé une bible sur internet. Je me suis mis à lire un passage presque tous les jours. Je m’instruisais en secret grâce à internet. Enfin, je parvins à en parler à un ami puis à mes parents qui ont été très heureux de l’apprendre. J’ai alors commencé à me rendre à l’église, à l’aumônerie, à méditer la Parole et non plus seulement la lire. Je n’étais plus seul et j’avais de véritables frères et sœurs en Christ sur qui je pouvais compter. [Aujourd’hui, bien que je tombe encore, que je ne sois pas parfait, je demande le baptême afin de débuter un nouveau chapitre de ma vie avec Dieu à mes côtés. Je veux grandir avec lui et devenir la personne que je souhaite devenir.] »

« J’ai réellement ouvert mon cœur à Dieu, il y a seulement 4 mois. Par « réellement », j’entends le fait que depuis des années je croyais en Dieu mais je n’avais pas fait la différence entre croire en Dieu et avoir la volonté de vivre pour lui. Désormais, je vois le baptême comme ma réelle naissance. C’est à ce moment précis qu’une nouvelle vie va commencer : je vais marcher dans les pas du Christ. Ce sera la consécration d’un long combat qui m’a semblé interminable. Je ne peux décrire ma joie et mon impatience de ressentir le Saint-Esprit me délivrer et m’envahir d’amour. Je veux devenir ce que Dieu veut que je sois du plus profond de mon cœur. Quel bonheur de savoir qu’il sera toujours là pour m’accompagner. »

« C’est au divorce de mes parents que mon monde s’est écroulé mais qu’une présence réconfortante est apparue. Chaque jour était plus dur que la veille mais je continuais à me lever chaque matin avec le sourire. Une chaleur s’était emparée de mon cœur. Depuis ce jour-là, je le sais, je le ressens, je crois en lui, en Dieu, en Jésus. Aujourd’hui, il m’accompagne dans mes choix, mes pensées, mes actions, mes envies. Il est mon sauveur, mon guide. Je suis comblée, heureuse et je remercie Dieu pour chaque jour que je vis. Qu’il m’arrive déception, trahison, mensonge ou tristesse, je sais qu’il est avec moi. Le baptême est très significatif : c’est le premier acte concret que je ferai pour mon Seigneur. » 

Magnifique ! Dans quelques instants, vous répondrez « Me voici » à l’appel de votre nom. Ce sera la manière d’exprimer votre désir d’être baptisé.

Vous allez répondre « Me voici », comme l’ont fait les disciples à l’appel du Christ, comme vont le faire demain 152 adultes qui seront aussi baptisés à Pâques.

Chers catéchumènes, vous avez entendu l’appel du Christ et vous avez décidé d’y répondre. Tout cela ne s’est pas passé en un instant. Ce chemin a pris peut-être des semaines, des mois, parfois des années, avec des hauts et des bas, des hésitations, des questions, des doutes… Sur ce chemin, le Seigneur était avec vous. Il vous tenait par la main et vous l’avez reconnu.

Alors, je voudrais vous dire, au nom de l’Eglise qui est dans le Val-d’Oise, que nous sommes tous très heureux de vous accueillir. Quelle joie pour nous de vous recevoir dans l’Eglise du Christ car vous êtes les témoins que la puissance de l’Evangile peut transformer l’existence d’un garçon ou d’une fille. 

Après avoir répondu « Me voici » à l’appel de votre nom, vos parrains, marraines, accompagnateurs, poseront leur main sur votre épaule.

Je vous remettrai alors l’écharpe violette que vous porterez aux célébrations durant ce carême. Elle est signe de l’existence ancienne qui est encore la vôtre, signe de ce désir de conversion. Cette écharpe violette, au moment du baptême, elle vous sera arrachée, en signe de la vie nouvelle dans laquelle vous entrerez, et vous serez revêtus d’un vêtement blanc, signe de la nouvelle naissance.

Avec vous, l’Eglise prend sur ses épaules l’écharpe violette du pécheur qui veut revenir à la vie de son baptême. Avec vous, nous marchons vers la lumière du Christ. Ce chemin nous prépare à la célébration de la mort et de la résurrection du Christ, à Pâques, en cette fête où vous serez vous-mêmes plongés dans la mort et la résurrection du Christ, par le baptême.

C’est notre joie ! Amen.