Homélie de Stanislas Lalanne
à l’appel décisif des jeunes catéchumènes
Cathédrale de Pontoise
Samedi 5 mars 2022

(Voir les textes du jour)

Il s’en est fallu d’un regard et de deux mots pour que tout bascule dans la vie de ce publicain appelé Lévi. Un regard dont la force transperce la carapace de nos apparences.

Deux mots… Deux mots qui claquent comme un coup de fouet. Deux mots qui s’adressent à l’un des hommes les plus honnis de la société juive. Pensez donc : le collecteur d’impôts, non seulement collabore avec l’occupant romain, mais il est bien souvent aussi soupçonné de corruption !

Deux mots qui viennent bouleverser le train-train de la vie quotidienne et ouvrent à l’aventure. « Suis-moi. » Et Lévi de quitter son siège, signe de sa fonction, pour se lever et se mettre en route.

Luc nous dit: « L’homme se leva et il suivait Jésus. » Et non : « Il suivit Jésus. » Luc souligne ainsi que Lévi devient disciple de Jésus à titre permanent. 

Et les voilà tous deux réunis pour faire la fête avec tous les amis qui rappliquent. Luc parle d’une grande réception. 

Oh, bien sûr ! Un tel spectacle vient heurter

• • tous les « bien-pensants »,
  • les « bien-sous-tous-rapports »,
  • tous ceux qui se permettent de juger les personnes à la seule vue de leurs actes,
  • n’hésitant pas à les enfermer dans des étiquettes qui sonnent comme des condamnations : délinquants, voyous, racaille…

Jésus n’a que faire des étiquettes. Il regarde l’homme, non pas à l’apparence mais au cœur. Il n’est pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs. Il croit par amour que le changement est toujours possible. Il ne cesse d’inviter à espérer contre toute espérance. 

« Suis-moi. » C’est à chacune, chacun d’entre vous que ces deux mots s’adressent aujourd’hui. Chacun ayant entendu cet appel du Christ de manière différente. Jésus vous invite à mettre vos pas dans les siens, à devenir témoins dans le monde de sa miséricorde. 

C’est aujourd’hui que le Christ passe et vous dit : « Suis-moi. » Le monde a besoin de vous, le monde a besoin de cœur, de joie, d’amour, de miséricorde. C’est bien l’appel lancé à chacun de vous. Vous aussi, vous avez rencontré le Christ, vous avez entendu son appel et vous avez décidé d’y répondre. 

Dans quelques instants, je vais vous appeler personnellement par votre prénom et vous répondrez de voix forte : « Me voici. » Ce sera votre manière d’exprimer votre désir d’être baptisé et de répondre à l’appel du Seigneur. 

Tout cela ne se vit pas, vous le savez, en un instant. Il y a eu ce chemin qui a conduit à la première prise de conscience, à la démarche de s’approcher d’une catéchiste, d’un animateur ou animatrice d’aumônerie ou d’un prêtre ou encore d’un membre de votre famille, et d’oser poser la question :

• • « Pourrais-je être baptisé moi-aussi ? »
  • « Est-ce possible ? »

Je voudrais évoquer les belles lettres que j’ai reçues et auxquelles je vais répondre dans les prochaines semaines. Je vous en partage cinq extraits : 

• • Je remercie, chaque jour, le Seigneur. Il m’a appelée à le suivre alors que je ne l’ai pas cherché. Je me demande comment j’ai pu vivre sans lui aussi longtemps ! Il m’a aidée à tout traverser, j’ai crié vers lui et je lui ai donné ma confiance. J’ai tellement hâte de lui donner ma vie pour de bon. C’est pour cette raison que je demande le sacrement du baptême pour accueillir le Seigneur dans ma vie, devenir son enfant et le servir jusqu’à mon dernier souffle.
  • C’est une décision qui a pris beaucoup de temps car pour moi, être baptisée n’est pas un choix à prendre à la légère mais c’est un choix qui change une vie pour toujours. Il faut être prêt et se sentir capable de donner sa vie à Celui qui nous a sauvés.
  • Grâce à ce travail sur la Parole de Dieu et ces nombreux échanges, ma vie a changé car, jour après jour, j’ai le sentiment de me rapprocher de Dieu et d’être plus sereine, de regarder ma vie, mes proches, mes amis d’une façon différente. C’est pour cela que je demande le baptême, pour devenir pleinement enfant de Dieu et avoir la vie éternelle.
  • J’ai connu la foi chrétienne en faisant des visites guidées dans les églises avec mes grands-parents et j’ai ressenti un franc désir d’être chrétien. J’aimerais recevoir le baptême pour être disciple de Jésus dont j’ai appris l’histoire dans les Evangiles. Comme Jésus, j’ai envie de savoir différencier le bien et le mal.
  • Je demande le baptême pour recevoir le magnifique cadeau qu’est la foi. Je considère que la foi est la chose la plus précieuse que nous ayons dans la vie. Le baptême est le premier sacrement et je suis fière aujourd’hui de vous le demander par envie et non par obligation ou tradition.

Ce chemin vers le baptême a pris des semaines, des mois, parfois des années, peut-être avec des hauts et des bas, des moments de questionnement, de doutes peut-être aussi. 

Au long de ce chemin, le Seigneur était avec vous. Il vous tenait par la main. Il vous conduisait sans que vous le sachiez encore. Présence de Dieu au cœur de votre vie, mystérieuse et imperceptible et, maintenant, visible et éclatante. 

C’est pourquoi je vous dis, au nom de l’Eglise qui est dans le Val-d’Oise, ma grande joie de vous accueillir, de vous recevoir, dans l’Eglise du Christ :

• comme les témoins que la puissance de l’Evangile peut transformer l’existence d’un garçon ou d’une fille, comme pour les premiers disciples,
• comme les témoins de la source qui coule du cœur du Christ pour donner la vie en abondance. Cette vie en abondance vous est offerte par la porte du baptême.

Vous allez devenir à votre tour membres de l’Eglise du Christ, de façon définitive, heureux de l’être et heureux d’en devenir les témoins. 

Je vais donc vous appeler, comme les disciples ont été appelés par le Christ, chacun par son nom. Tout à l’heure, vos parrains, marraines, accompagnateurs, poseront leurs mains sur vos épaules. Un geste tellement riche de sens. 

Je vous remettrai l’écharpe violette que vous porterez dans les célébrations durant ce carême. Elle est signe de l’existence qui est encore la vôtre. Cette écharpe violette, au moment du baptême, elle vous sera arrachée, en signe de la vie nouvelle dans laquelle vous entrerez, et vous serez revêtus d’un vêtement blanc, signe de la nouvelle naissance. 

Avec vous, en ce début de carême, l’Eglise prend sur ses épaules l’écharpe violette du pécheur qui veut revenir à la vie de son baptême. 

Avec vous nous allons prendre le chemin de la conversion pour renouveler notre baptême dans la nuit de Pâques. Avec vous, nous marchons vers la lumière du Christ. 

Vous allez devenir des disciples, heureux de partager cette joie d’être aimés, cette joie de croire et de mettre vos pas à la suite du Christ. 

Amen.