La Résurrection dans nos vies
Régulièrement, des personnes porteuses de handicap, des proches, des accompagnants… se retrouvent pour un temps de partage et de débats dans le café du cinéma Utopia de Saint-Ouen-l’Aumône. Ce sont les « café rencontre »…
Nous voici 9 attablés au café du cinéma UTOPIA ce mercredi 12 avril 2023, semaine de Pâques ! 9 dont une nouvelle jeune participante ! Nous nous réjouissons de cette arrivée : notre groupe est « missionnaire » en quelque sorte ! Ces rencontres sont « authentiques, vraies, et nous apportent beaucoup ». Et nous sommes heureux que plus de monde en profite ! D’autant plus qu’Elodie repart enchantée, disant qu’elle souhaite continuer à participer !
Nous venons de fêter Pâques… mais, concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Expérimentons-nous la Résurrection dans notre vie ? En partageant à plusieurs, nous voyons combien nous avons des signes de la vie donnée de Dieu, chaque jour, dans nos vies ! Et c’est réjouissant !
Echos de nos échanges :
- La Résurrection, je la vis tous les jours depuis un an ! Il va y avoir un an que je ne tremble plus, suite à une prière de guérison à Saint Nicolas des Champs…
- Des guérisons comme celle-ci, il y en a beaucoup… à Lourdes, à Saint Nicolas des Champs, à Notre Dame des Victoires… Ce ne sont pas des « miracles officielles » mais des signes…
- Attention cependant à se protéger de la curiosité des gens. Si tu en parles trop, tu risques de devenir une « bête curieuse » que l’on va vouloir voir, toucher…
- Et en même temps, c’est important de témoigner. Cela apporte beaucoup de soutien…
- Oui, un témoignage public est prévu à Saint Nicolas des Champs.
- Hier, il y a eu une belle journée avec le groupe Amitié-Espérance Arc-en-Ciel d’Eaubonne [Pour en savoir plus, voir l’encadré]. Comme toujours, il y a eu beaucoup de souffrances exprimées, mais aussi beaucoup de bonnes nouvelles… qui sont autant de « Résurrections » !
En particulier, C. a témoigné. Son compagnon est mort il y a peu. Les enfants de celui-ci ont eu une attitude détestable ensuite. Et elle a plongé dans la dépression. Mais elle a gardé l’estime et le soutien de sa voisine, maman solo qui élève seule sa petite fille. Celle-ci est infirmière, et, un jour, elle s’écroule, épuisée. Elle est au bout du rouleau et se pose beaucoup de questions. C. prend le temps de l’écouter, et lui propose de garder sa fille lors des congés. Mais elle veut lui parler. Et elle lui expose ses « particularités » de handicap. La réponse est immédiate « OK, je te connais, je te fais confiance, tu vas garder ma fille ». Elles ont été Résurrection l’une pour l’autre !
- A la suite de Pâques, j’ai pris la résolution de ne plus être sur le téléphone, écouter les media… Cela fait un bien fou ! C’est ma résolution de Pâques et je vais la tenir !
- Oui, faire silence, c’est important. Mais, de mon côté, je me souviens que le théologien protestant Karl Barth a dit que les Chrétiens devaient « tenir la Bible dans une main et le journal dans l’autre.» Ecouter la Parole de Dieu dans la Bible mais aussi la parole des Humains… Même les moines et les moniales cloitrés ont des revues de presse pour savoir ce qui se vit dans le monde. Et ils portent toute cette vie dans leur prière.
- Je n’avais pas réfléchi comme cela…
- Il y a 20 ans, nous avions roulé toute la journée. Seule ma sœur conduisait, je n’ai pas mon permis. Dans la nuit, mon beau-frère m’appelle : ma sœur partait à l’hôpital, elle venait de faire une hémorragie cérébrale. Le temps que j’arrive à l’hôpital, elle était dans le coma et les chirurgiens l’opéraient, avec un pronostic peu favorable. Mon beau-frère était effondré ! et moi qui ne priait plus beaucoup, j’ai égrené le chapelet tout en arpentant les couloirs de l’hôpital en attendant… Le chirurgien vient nous dire qu’ils ont réussi à juguler l’hémorragie, qu’elle va vivre ! mais elle restera grabataire ! Mais elle s’est rétablie, a recommencé à travailler, à mi-temps au départ… Un an après, elle a un rendez-vous de contrôle avec la neurologue, c’est la première qui l’avait vu à l’hôpital. Tout de suite, cette médecin lui dit qu’elle est une miraculée, que, vu l’état dans lequel elle était à son arrivée à l’hôpital, elle ne devait pas vivre ! Elle était persuadée qu’elle ne ferait pas le trajet entre l’hôpital de Lisieux où elle a été emmenée en premier et celui de Caen où elle a été opérée…
- Il y a la puissance de la médecine, et la puissance de Dieu !
- Le médecin qui me suit n’en revenait pas que j’ai cessé de trembler ainsi. Il m’a demandé ce qui s’est passé… « j’ai pris le traitement que vous m’avez donné, mais aussi, je prie beaucoup » « ah, je comprends » dit-il ! Dieu passe par les mains des médecins, mais il agit aussi directement.
- L’oncle de ma maman a été longtemps directeur du bureau médical de Lourdes. Il était croyant, bien sûr. Il a écrit un livre « y a-t-il encore des miracles à Lourdes ?» Il disait que, comme médecin, il voyait beaucoup de personnes guéries sans qu’il y ait d’explications. Il y a beaucoup plus de guérisons sans explications que de miracles reconnus officiellement !
- Quand ma sœur est arrivée à l’hôpital, elle était dans le coma. Il n’y a donc rien de psychologique dans sa guérison ! Médicalement parlant, elle n’aurait pas dû vivre !
- Ma fille s’est séparée de son compagnon. Cela a été très difficile pour elle. Et très déstabilisant pour les enfants. Elle a rencontré il y a peu un nouveau compagnon. Elle est totalement épanouie, elle « revit » !
- Mon époux se protège du monde extérieur, à cause de sa fragilité psychique. Mais, il y a dix jours, il a accepté de venir avec d’autres membres de la famille au Centre Sèvres, pour rencontrer le Père Etienne, qui est le parrain de notre fils. Le voyage dans les transports en commun s’est bien passé. Puis il a accepté de venir à la messe, et il a communié. Nous avons été reçus pour le repas par la communauté des jésuites, et c’était bien… Je souhaitais aller ensuite au cimetière du Montparnasse où sont enterrés ma mère, mais aussi le Père Gaël Réhault qui nous a beaucoup apporté lors de sa mission sur Cergy. Mon époux était très fatigué et a souhaité rentrer… tout seul ! Je n’étais pas trop rassurée, mais j’ai fait confiance ; et il est rentré sans encombre. Je n’ai pas réussi à retrouver la tombe de Maman dans ce grand cimetière ! Mais j’étais malgré tout près d’elle. Et, avec le Père Etienne, nous avons prié sur la tombe du Père Gaël. C’était la première fois depuis bien longtemps que nous n’avions pas vécu ensemble une journée entière à l’extérieur dans une telle sérénité…
- Samedi soir, à la Vigile Pascale à Osny, il y a eu 2 baptêmes. C’était formidable ! Toute une famille a fait une belle animation en musique ! C’était très chouette ! Mais long ! Je ne suis pas allé à la messe le dimanche ! Mais je suis allé au salon de l’agriculture. Et j’ai voulu parler de Jésus, de la Résurrection, à un agriculteur. Il m’a dit que cela ne l’intéressait pas ! C’est difficile quand les prêtres nous poussent à l’évangélisation !
- C’est courageux ce que tu as fait là !
- Tu ne peux pas savoir si ce que tu as dit ne va pas faire effet ensuite… Ce n’était peut-être pas le bon moment pour lui.
- Il s’occupait de ses bêtes, il donnait du foin…
- Ce n’était pas sa préoccupation sur le moment !
- Peut-être aussi l’évangélisation, ce n’est pas forcément allé parler ainsi à des gens que tu ne connais pas. Cela passe par les actes. Et regarde, quand toi et moi nous sommes au Groupe d’entraide mutuelle , c’est un lieu laïc, mais nous parlons ensemble de ce que nous vivons ici. Cela ne gêne personne, et nous répondons à leurs questions si besoin. Et nous échangeons aussi avec nos copains musulmans, chacun dit sa Foi dans le respect. L’autre jour, je jouais au scrabble, ma partenaire a fait le mot « mage » ; j’en ai profité pour expliquer qui étaient les mages et ce qu’ils faisaient dans l’Evangile. Il faut tirer profit des instants qui nous sont donnés.
- Au moment de la naissance de notre fille, c’était très dur, on ne savait pas si elle vivrait ! J’en parle avec une voisine. Le 1er janvier, notre fille va mieux, elle semble sortie d’affaire, et je le dis à ma voisine. Elle me répond « elle a une sacrée bonne étoile, cette petite ! » et moi « pour moi, cette étoile s’appelle Dieu » ! Cela aussi, c’est de l’évangélisation.
- J’ai une copine, MJ. A la naissance d’une de ses filles, on voit qu’elle a une fente palatine, les intestins pas finis… Il y a beaucoup de souffrances… MJ dit « je suis toujours avec elle, je veille sur elle » Cette jeune subit beaucoup d’opérations, elle vit et entre dans une institution spécialisée. Elle a un accident avec son fauteuil roulant, et décède. La maman touche le fond ! Un jour, elle passe devant la bibliothèque paroissiale, et voit une pieta. Cela la touche beaucoup. Elle entre et discute beaucoup avec la bibliothécaire. Que se sont-elles dit ? Je ne sais pas ! Mais elle rentre à l’église toute proche, rencontre un prêtre. Elle rentre en catéchuménat et est baptisée quelques temps après !
- Lors de la Vigile Pascale à laquelle j’ai participé il y a eu 4 baptêmes d’adultes. Cela a été super ! Le prêtre qui a fait l’homélie a loué le parcours de ces 4 adultes. Mais il a demandé aussi aux nouveaux baptisés s’il les reverrait maintenant qu’ils sont baptisés, comme il les avait vus régulièrement pendant le catéchuménat… Mais il a aussi demandé aux « vieux baptisés » si nous avions conscience que, peut-être, nous ne témoignions pas suffisamment de la joie de la Résurrection, de la joie de vivre de la vie du Ressuscité, de la chance d’avoir rencontré Jésus ! Nous avons tellement chanté, avec un tel entrain, une telle ferveur, qu’à la fin de la célébration, j’ai dit que si vraiment les nouveaux baptisés n’avaient pas perçu cette joie, je ne savais pas comment il fallait faire !
- Il y a une paroisse où existe « le bistrot des catéchumènes ». Ils viennent, même après le baptême, parler de tout et de rien. Il y a une marche très grande entre demander le Baptême et entrer dans une communauté avec la participation régulière à la messe !
- Ma sœur, à l’adolescence, a fait une méningite, a été dans le coma. Elle s’en est sortie sans séquelles. Pour moi, c’est une Résurrection ! Elle a vécu, est en couple, a des enfants, un travail… Elle mène une vie « normale » !
- La Résurrection dans ma vie, je la vis en ce moment. La relation avec ma fille, adulte, a longtemps été très difficile, impossible même par moments. Mais elle est revenue vers nous, a compris beaucoup de choses. Elle est actuellement en séjour chez nous et cela se passe bien…
- Mon amie, Rose, est morte à 25 ans. Elle avait une maladie grave, je l’ai connu au foyer pour personnes handicapées. Elle a eu un accident et est morte. C’était ma meilleure amie, et elle est morte. Je prie pour elle !
- Peut-être peux-tu aussi lui demander de prier pour toi, pour nous… Sans doute est-elle plus près de Dieu que nous !
- Et au foyer, j’ai plein d’amies ! J’aime avoir des amies comme cela !
Avril 2023
Illustrations : Bernadette Lopez
www.evangile-et-peinture.org
www.bernalopez.org
Café rencontre :
Cécile Lavernhe
cecilelavernhe4@gmail.com
Amitié-Espérance Arc-en-Ciel
Mouvement de partage ; de prière et de soutien pour les personnes avec une pathologie psychique.
Contact : Geneviève Robert :
robert@yahoo.fr
Tél. : 06 01 80 12 78.
Rejoignez-nous !
Et si vous veniez partager avec nous ?
Le prochain « café-rencontre » au cinéma Stella Utopia de saint Ouen l’Aumône est le Mercredi 10 Mai, à 15h.
EN SAVOIR PLUS SUR
« AMITIÉ ESPÉRANCE – ARC EN CIEL »
Amitié-Espérance-Arc-en-Ciel propose une présence auprès de personnes éprouvées par la souffrance psychique ou liée à un état dépressif.
Le mouvement rassemble des personnes qui témoignent de l’amitié et de l’Espérance au cœur même de leur fragilité. Il se veut un lieu d’accueil, d’écoute, de partage, de rencontres, au travers des expériences de la vie ordinaire. Il permet de cheminer au sein d’un groupe, composé d’accompagnants et de personnes fragiles. L’isolement peut ainsi être brisé. Le groupe est un espace convivial où chaque personne est accueillie, écoutée…
Pour que chacune conserve toute sa dignité et prenne sa place dans la société et dans l’Église. Ce mouvement diocésain est sous la responsabilité du Service de la Pastorale de la Santé du diocèse de Pontoise.