La liturgie dans la logique
de l’Incarnation

La crèche incarne la simplicité et la profondeur du mystère de la Nativité. Depuis François d’Assise jusqu’à nos jours, cette tradition continue d’émerveiller et de rassembler les fidèles autour de la naissance de Jésus. Mais connaissons-nous vraiment l’origine et le sens de la crèche ?

La crèche est comme un Evangile vivant qui permet de revivre la naissance du Fils de Dieu. Dans les jours qui précèdent Noël, la préparation de la crèche prépare aussi les cœurs à la rencontre du sauveur. Cette crèche qui orne nos églises marque le temps de Noël, pour la plus grande joie de tous, et favorise la prière et l’émerveillement.

L’origine de la crèche

L’origine de la tradition de la crèche reste attribuée à François d’Assise qui, en 1223 de retour de Rome, crée une sorte de « pièce de théâtre » afin de montrer aux habitants du village de Greccio en Italie, comment avait été le lieu de la naissance de notre Seigneur, dans le froid, chauffé uniquement par le souffle d’un bœuf et d’un âne qui respiraient près de la mangeoire dans laquelle il avait été déposé.

En 1562, les Jésuites introduisent des modèles réduits de la crèche dans les églises d’Europe de l’Est, notamment à Prague. Les modèles vivants sont remplacés par des personnages en cire, en plâtre, en terre cuite, en bois, en verre et même parfois en mie de pain. La coutume se popularise alors un peu partout en Europe.

Les orthodoxes ne font pas de crèche mais représentent la nativité par des icônes, quant aux protestants ils demeurent attachés à la tradition du sapin.

La coutume est d’installer la crèche le premier dimanche de l’Avent. Cela permet de se préparer à la fête de Noël et de faire grandir notre attente par la prière devant la mangeoire qui reste vide.

Le sens de la crèche

Le pape François a voulu, par une lettre spéciale intitulée “Admirabile signum”, encourager la tradition de la crèche, et nous aider à redécouvrir la richesse spirituelle de ce signe.

En voici un extrait : « La crèche manifeste la tendresse de Dieu. Lui, le Créateur de l’univers, s’abaisse à notre petitesse. En Jésus, le Père nous a donné un frère qui vient nous chercher quand nous sommes désorientés et que nous perdons notre direction ; un ami fidèle qui est toujours près de nous.

D’une manière particulière, depuis ses origines franciscaines, la crèche est une invitation à « sentir » et à « toucher » la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son incarnation. Elle est donc, implicitement, un appel à le suivre sur le chemin de l’humilité, de la pauvreté, du dépouillement, qui, de la mangeoire de Bethléem conduit à la croix. » Une présentation plus complète de cette lettre est proposée à la fin de cet article.

Dans nos églises, la mise en œuvre de la crèche peut susciter un certains nombres de questions pratiques :

Où installer la crèche dans nos églises ?

Plusieurs possibilités s’ouvrent pour disposer la crèche dans nos églises, selon la disposition de chaque lieu, les coutumes locales :

Dans une chapelle latérale, ou dans un espace accessible, sur les bas-côtés, idéalement à proximité du cœur du bâtiment, la crèche pourra se déployer avec ses décors et des personnages nombreux. Éviter le fond d’église et les zones de passage, dans la mesure du possible, permettra de privilégier un espace calme, favorable à la prière et à l’adoration.

Devant l’autel, la crèche manifestera le lien entre l’incarnation et l’eucharistie – à la suite de Saint François qui demanda, dans la première crèche, de célébrer la messe sur la mangeoire. Afin de garder à l’autel sa dignité et sa centralité, la crèche devra être sobre, avec peu de personnages, en veillant à ce qu’elle ne masque pas l’autel.

Quand installer (et retirer) la crèche dans l’église ?

La coutume est d’installer la crèche à partir du premier dimanche de l’Avent. Cela permet de se préparer à la fête de Noël et de faire grandir notre attente par la prière devant la mangeoire qui reste vide. En Italie beaucoup profitent du 8 décembre, jour de l’Immaculée conception de Marie, puisque c’est un jour férié. Par endroits, la Crèche est prête dès le 29 novembre, pour la Neuvaine de l’Immaculée.

La tradition veut que l’Enfant Jésus soit placé en son milieu, de façon solennelle, lors des messes de la nuit de Noël le 24 décembre.

On retire normalement la crèche à la fin du temps de Noël, juste après la fête du baptême du Seigneur. En effet, commence alors le temps ordinaire. Si la crèche est placée devant l’autel ou dans le sanctuaire, on veillera à respecter cet usage. Si elle se trouve dans une chapelle latérale, on pourra, selon la coutume, conserver la crèche jusqu’au 2 février, date de la présentation de Jésus au Temple, 40 jours après Noël.

Émerveillement est un mot que nous associons spontanément à Noël. (…) C’est ce même émerveillement que nous sommes invités à cultiver dans la liturgie.

« Le merveilleux signe de la crèche »,
la lettre apostolique du pape François

En décembre 2019, le Pape signe une lettre apostolique, intitulée « Admirabile signum », sur la signification et la valeur de la crèche de Noël, un signe qui « suscite toujours étonnement et émerveillement ».

« Représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie », peut-on lire dans cette lettre.

 « La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture », Selon le Pape François, en contemplant la scène de Noël, « nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme ».

Par cette lettre, le Pape souhaite soutenir cette belle tradition et soutenir la coutume qui consiste également à l’installer sur les lieux de travail, dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, sur les places publiques… « C’est vraiment un exercice d’imagination créative, qui utilise les matériaux les plus variés pour créer de petits chefs-d’œuvre de beauté », écrit le Pape qui souhaite que « cette pratique ne se perde pas. »

La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture.

Le ciel étoilé dans le silence de la nuit

La lettre apostolique passe en revue sur les différents signes de la crèche à commencer par le ciel étoilé dans le silence de la nuit ; nuit qui est si souvent le reflet de notre vie. « Sa présence apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance. »

Les paysages, les anges, l’étoile, les pauvres

Sont autant d’autres signes mis en exergue :

  • les paysages souvent faits de ruines d’anciennes maisons, le « signe visible d’une humanité déchue» que Jésus est venu «guérir et reconstruire».
  • les montagnes, les ruisseaux, les moutons qui montrent que «toute la création participe à la fête» de la venue du Messie.
  • les anges et l’étoile sont les signes que «nous sommes appelés à nous mettre en route pour atteindre la grotte et adorer le Seigneur».
  • les bergers, «les plus humbles et les plus pauvres qui savent accueillir l’événement de l’Incarnation».

«Les pauvres, en effet, sont les privilégiés de ce mystère et, souvent, les plus aptes à reconnaître la présence de Dieu parmi nous», alors que «le palais d’Hérode est en quelque sorte fermé et sourd à l’annonce de la joie», note le Pape dans sa lettre.

Dans la crèche, Marie témoigne «de la façon de s’abandonner dans la foi à la volonté de Dieu». Quant à Joseph, «il est le gardien qui ne se lasse jamais de protéger sa famille».

Quand vient la fête de l’Épiphanie, les Rois mages illustrent que chacun peut partir de très loin pour rejoindre le Christ.

Apparaissent aussi des santons qui semblent n’avoir aucune relation avec les récits évangéliques ; cela signifie, explique François, que «dans ce monde nouveau inauguré par Jésus, il y a de la place pour tout ce qui est humain et pour toute créature».

Forgeron, boulanger, femmes portant des cruches d’eau ou enfants qui jouent, représentent «la sainteté au quotidien, la joie d’accomplir les choses de la vie courante d’une manière extraordinaire, lorsque Jésus partage sa vie divine avec nous».

Enfin, quand vient la fête de l’Épiphanie, les Rois mages illustrent que chacun peut partir de très loin pour rejoindre le Christ.

Les Rois Mages apportent or, encens et myrrhe, symboles respectivement de la nature royale de Christ (l’or était réservé aux Rois), de sa nature sacrée (l’encens était brûlé afin d’honorer les dieux) et de sa nature humaine (la myrrhe était utilisée pour parfumer mais aussi pour préparer les morts à la sépulture).

Et le Pape de conclure : «la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi». Ce qui compte «c’est que cela soit signifiant pour notre vie», qu’elle reflète l’amour de Dieu pour nous, «le Dieu qui s’est fait enfant pour nous dire combien il est proche de chaque être humain, quelle que soit sa condition».

Si nous mettions cette année dans nos crèches paroissiales encore plus de l’«Admirabile signum» du Pape François !

Novembre 2024

 
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« Le merveilleux signe de la crèche »,
la lettre apostolique du pape François

Admirabile Signum, la lettre apostolique du Pape François, explore la signification profonde et la valeur spirituelle de la crèche de Noël. Publiée en décembre 2019, cette lettre souligne comment la crèche, en tant que représentation vivante de l’Évangile, nous invite à contempler le mystère de l’Incarnation avec simplicité et joie. Le Pape François y encourage la préservation de cette tradition, qui suscite émerveillement et réflexion, et qui trouve sa place non seulement dans les foyers, mais aussi dans les lieux publics, les écoles, et les hôpitaux. En mettant en lumière les divers éléments de la crèche, tels que les paysages, les anges, et les bergers, le Pape rappelle que cette scène humble et touchante est un appel à reconnaître la présence de Dieu parmi nous, particulièrement à travers les plus pauvres et les plus humbles.

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