La liturgie dans la logique
de l’Incarnation
La crèche incarne la simplicité et la profondeur du mystère de la Nativité. Depuis François d’Assise jusqu’à nos jours, cette tradition continue d’émerveiller et de rassembler les fidèles autour de la naissance de Jésus. Mais connaissons-nous vraiment l’origine et le sens de la crèche ?
Les auteurs des évangiles ne mentionnent pas le jour de la naissance de Jésus, le Christ. A partir du VIe siècle, des écrits anciens rapportent qu’une célébration de Noël est célébrée en l’église Sainte-Marie-Majeure à Rome, pendant la nuit du 25 décembre, autour des reliques qui ont été rapportées de Bethléem.
L’origine de la crèche
L’origine de la tradition de la crèche reste attribuée à François d’Assise qui, en 1223 de retour de Rome, crée une sorte de « pièce de théâtre » afin de montrer aux habitants du village de Greccio en Italie, comment avait été le lieu de la naissance de notre Seigneur, dans le froid, chauffé uniquement par le souffle d’un bœuf et d’un âne qui respiraient près de la mangeoire dans laquelle il avait été déposé.
L’idée se répand ensuite dans toute l’Italie (en particulier à Naples) et s’invite en Provence, grâce aux prédicateurs franciscains.
En 1562, les Jésuites introduisent des modèles réduits de la crèche dans les églises d’Europe de l’Est, notamment à Prague. Les modèles vivants sont remplacés par des personnages en cire, en plâtre, en terre cuite, en bois, en verre et même parfois en mie de pain. La coutume se popularise alors un peu partout en Europe.
La coutume est d’installer la crèche le premier dimanche de l’Avent. Cela permet de se préparer à la fête de Noël et de faire grandir notre attente par la prière devant la mangeoire qui reste vide.
Le sens de la crèche
► Pourquoi la Crèche ?
Peu importe qu’il s’agisse d’une cabane, d’une grotte, d’une étable, ce qui compte vraiment c’est la véritable signification du pourquoi Jésus est né dans un lieu si humble loin des palais du pouvoir, des lieux où rois, empereurs établissaient le destin des hommes. Tous les personnages de la Crèche ont une signification particulière et unique, surtout quand nous parlons de la Crèche napolitaine avec ses innombrables santons.
Connue pour sa richesse en personnages et en détails, la crèche napolitaine inclue non seulement la Sainte Famille, mais aussi des scènes de la vie quotidienne avec des artisans, des marchands, et des paysans, reflétant la société napolitaine du XVIIIe siècle. Cette tradition a évolué pour inclure des éléments de la vie contemporaine, faisant de chaque crèche une œuvre unique qui raconte une histoire à la fois religieuse et culturelle.
► Quand installer et retirer la crèche ?
La coutume est d’installer la crèche le premier dimanche de l’Avent. Cela permet de se préparer à la fête de Noël et de faire grandir notre attente par la prière devant la mangeoire qui reste vide. La tradition veut que l’Enfant Jésus soit placé en son milieu, de façon solennelle, lors des messes de la nuit de Noël le 24 décembre.
En Italie beaucoup profitent du 8 décembre, jour de l’Immaculée conception de Marie, puisque c’est un jour férié. Par endroits, la Crèche est prête dès le 29 novembre, pour la Neuvaine de l’Immaculée.
Les orthodoxes ne font pas de crèche mais représentent la nativité par des icônes, quant aux protestants ils demeurent attachés à la tradition du sapin.
On retire normalement la crèche à la fin du temps de Noël, juste après la fête du baptême du Seigneur. En effet, commence alors le temps ordinaire. Si la crèche est placée devant l’autel ou dans le sanctuaire, on veillera à respecter cet usage. Si elle se trouve dans une chapelle latérale, on pourra, selon la coutume, conserver la crèche jusqu’au 2 février, date de la présentation de Jésus au Temple, 40 jours après Noël.
Où installer la crèche dans nos églises ?
Plusieurs possibilités s’ouvrent à nos paroisses, pour disposer la crèche dans nos églises.
- devant l’autel, de manière assez sobre laissant le « rôle » principal à la table eucharistique ; la disposition devrait être minimaliste avec peu de personnages et nécessiter un rangement précoce – ou déplacement – sans attendre début février toujours pour laisser à l’autel toute son importance,
- dans les chapelles latérales ou autres espaces accessibles et visibles, idéalement à proximité du cœur du bâtiment.
Dans la mesure du possible, éviter le fond d’église et les zones de passage permet de privilégier un espace calme, favorable à la prière et à l’adoration.
Comme les mages, les bergers aussi furent attirés par un astre resplendissant jusqu’au lieu où le Saint Enfant était à peine né.
Qu’est-ce que l’étoile symbolise ?
L’étoile dans la Crèche correspond probablement à un véritable phénomène astronomique qui eut lieu dans les jours immédiatement précédents ou suivants la naissance de Jésus.
Dans les anciennes prophéties bibliques, l’étoile était symbole de l’avent du Messie ; sa présence dans le ciel, la nuit de la naissance de Jésus confirmerait son identité, surtout pour les Mages qui, en connaissant ces prophéties. Les bergers aussi furent attirés par l’astre resplendissant jusqu’au lieu où le Saint Enfant était à peine né.
Les Rois Mages arrivèrent à Bethléem le 6 janvier, la douzième nuit après Noël, selon la tradition, et c’est à cette date, qui coïncide avec l’Épiphanie.
Émerveillement est un mot que nous associons spontanément à Noël. (…) C’est ce même émerveillement que nous sommes invités à cultiver dans la liturgie.
« Le merveilleux signe de la crèche »,
la lettre apostolique du pape François
En décembre 2019, le Pape signe une lettre apostolique, intitulée « Admirabile signum », sur la signification et la valeur de la crèche de Noël, un signe qui « suscite toujours étonnement et émerveillement ».
« Représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie », peut-on lire dans cette lettre.
« La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture », Selon le Pape François, en contemplant la scène de Noël, « nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme ».
Par cette lettre, le Pape souhaite soutenir cette belle tradition et soutenir la coutume qui consiste également à l’installer sur les lieux de travail, dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, sur les places publiques… « C’est vraiment un exercice d’imagination créative, qui utilise les matériaux les plus variés pour créer de petits chefs-d’œuvre de beauté », écrit le Pape qui souhaite que « cette pratique ne se perde pas. »
La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture.
Le ciel étoilé dans le silence de la nuit
La lettre apostolique passe en revue sur les différents signes de la crèche à commencer par le ciel étoilé dans le silence de la nuit ; nuit qui est si souvent le reflet de notre vie. « Sa présence apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance. »
Les paysages, les anges, l’étoile, les pauvres
Sont autant d’autres signes mis en exergue :
- les paysages souvent faits de ruines d’anciennes maisons, le « signe visible d’une humanité déchue» que Jésus est venu «guérir et reconstruire».
- les montagnes, les ruisseaux, les moutons qui montrent que «toute la création participe à la fête» de la venue du Messie.
- les anges et l’étoile sont les signes que «nous sommes appelés à nous mettre en route pour atteindre la grotte et adorer le Seigneur».
- les bergers, «les plus humbles et les plus pauvres qui savent accueillir l’événement de l’Incarnation».
«Les pauvres, en effet, sont les privilégiés de ce mystère et, souvent, les plus aptes à reconnaître la présence de Dieu parmi nous», alors que «le palais d’Hérode est en quelque sorte fermé et sourd à l’annonce de la joie», note le Pape dans sa lettre.
Dans la crèche, Marie témoigne «de la façon de s’abandonner dans la foi à la volonté de Dieu». Quant à Joseph, «il est le gardien qui ne se lasse jamais de protéger sa famille».
Quand vient la fête de l’Épiphanie, les Rois mages illustrent que chacun peut partir de très loin pour rejoindre le Christ.
Apparaissent aussi des santons qui semblent n’avoir aucune relation avec les récits évangéliques ; cela signifie, explique François, que «dans ce monde nouveau inauguré par Jésus, il y a de la place pour tout ce qui est humain et pour toute créature».
Forgeron, boulanger, femmes portant des cruches d’eau ou enfants qui jouent, représentent «la sainteté au quotidien, la joie d’accomplir les choses de la vie courante d’une manière extraordinaire, lorsque Jésus partage sa vie divine avec nous».
Enfin, quand vient la fête de l’Épiphanie, les Rois mages illustrent que chacun peut partir de très loin pour rejoindre le Christ.
Les Rois Mages apportent or, encens et myrrhe, symboles respectivement de la nature royale de Christ (l’or était réservé aux Rois), de sa nature sacrée (l’encens était brûlé afin d’honorer les dieux) et de sa nature humaine (la myrrhe était utilisée pour parfumer mais aussi pour préparer les morts à la sépulture).
Et le Pape de conclure : «la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi». Ce qui compte «c’est que cela soit signifiant pour notre vie», qu’elle reflète l’amour de Dieu pour nous, «le Dieu qui s’est fait enfant pour nous dire combien il est proche de chaque être humain, quelle que soit sa condition».
Si nous mettions cette année dans nos crèches paroissiales encore plus de l’«Admirabile signum» du Pape François !
Novembre 2024
« Le merveilleux signe de la crèche »,
la lettre apostolique du pape François
Admirabile Signum, la lettre apostolique du Pape François, explore la signification profonde et la valeur spirituelle de la crèche de Noël. Publiée en décembre 2019, cette lettre souligne comment la crèche, en tant que représentation vivante de l’Évangile, nous invite à contempler le mystère de l’Incarnation avec simplicité et joie. Le Pape François y encourage la préservation de cette tradition, qui suscite émerveillement et réflexion, et qui trouve sa place non seulement dans les foyers, mais aussi dans les lieux publics, les écoles, et les hôpitaux. En mettant en lumière les divers éléments de la crèche, tels que les paysages, les anges, et les bergers, le Pape rappelle que cette scène humble et touchante est un appel à reconnaître la présence de Dieu parmi nous, particulièrement à travers les plus pauvres et les plus humbles.