En ce matin de Pentecôte, nous accueillons nous-mêmes le don que nous fait Jésus, le don de l’Esprit. Pour chacun de nous se renouvelle le baptême dans l’Esprit reçu par les apôtres au Cénacle.

En cette fête de la Pentecôte, l’Eglise répandue sur toute la terre célèbre la fête de sa naissance. L’Eglise est le fruit précieux de l’Esprit Saint, ainsi que nous l’a rappelé la lecture des Actes : « Tandis qu’ils se trouvaient tous ensemble dans le même lieu […] ils furent remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues. »

C’est l’Esprit qui leur donne le pouvoir de s’exprimer ainsi. Et toutes les personnes présentes à Jérusalem ont pu entendre dans leur propre langue, dans leur langue maternelle, les grandes œuvres de Dieu annoncées par les apôtres.

Et aujourd’hui ? Comment ce prodige se renouvelle-t-il malgré nos faiblesses et nos peurs ? Malgré nos inquiétudes, ravivées par le covid, par rapport à l’avenir, malgré notre incertitude ?

L’unique réponse, persuasive, nous vient de Jésus dans l’Evangile de Jean, entendu à l’instant : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. »

Eh bien, l’Esprit Saint, que le Seigneur ressuscité a répandu sur l’Eglise au début de sa mission, il l’envoie dans vos cœurs aujourd’hui encore. Il l’envoie afin qu’avec votre vie, transformée dans la sienne, vous puissiez lui rendre témoignage.

C’est une grâce, un don, que vous ne pouvez pas refuser, un souffle de vie sans lequel vous ne pourrez pas vivre. C’est ce don qu’ont reçu au petit matin de Pâques les catéchumènes et hier les confirmands, sans compter tous ces jeunes lycéens cette année.

L’Eglise offre ce don de l’Esprit afin que nous puissions vivre de l’Esprit, marcher selon l’Esprit, nous laisser conduire par l’Esprit. Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

Dans la lettre de saint Paul à la communauté de Galates que nous venons d’entendre, il révèle ce que produit l’Esprit en nous : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité, et maîtrise de soi ».

Invitation à prendre le temps de relire ce que nous avons vécu pendant ces longs mois difficiles et inédits : les épreuves, comme les joies, les découvertes, un regard nouveau sur les autres…

C’est vrai que l’épreuve de la pandémie nous marque profondément et qu’elle va impacter durablement la vie du monde. Nous connaissons les peurs éprouvées devant la contagion, la perception de nos fragilités et le retour de la dure réalité de la mort que nous ne voulions plus voir.

Mais il faut faire aussi mémoire de ce qui s’est passé de beau durant ces 15 derniers mois. Occasion de rendre grâce pour l’œuvre de l’Esprit Saint dans nos vies et dans nos communautés.

J’ai été frappé de la manière dont un certain nombre de fidèles confirmés hier dans cette cathédrale ont été provoqués dans leur démarche par ces temps difficiles qui les ont conduits à réfléchir sur l’essentiel, à méditer sur le sens de leur vie…

Ce passage marquera sans doute une plus grande vérité de notre foi, un recentrement sur le cœur de cette foi baptismale qui nous habite.

Nous avons également redécouvert le sens du « sacrement du frère », c’est-à-dire ce fruit de l’eucharistie qui trouve son accomplissement dans la charité, la rencontre et le service des autres.

En entendant l’énumération des fruits de l’Esprit, par saint Paul, nous comprenons qu’il ne s’agit pas d’une production de vertus humaines que nous serions capables de faire grandir par notre propre effort.

Il s’agit d’un don, de la grâce qu’il met en nos cœurs, pour faire avec les êtres que nous sommes, pauvres, pécheurs, faibles, fragiles, craintifs,

• des êtres capables d’aimer et de porter la joie,
• capables d’être des artisans de paix,
• capables d’endurer avec patience,
• capables de bienveillance, de foi et d’humilité,
• capables de crier vers le Père en lui disant : « Abba ! », « papa ».

Personne n’est capable de ces fruits par ses propres forces, sinon par la puissance de l’Esprit qui l’habite. C’est le premier témoignage que l’Esprit rend à la puissance de Dieu à travers l’humanité.

Ce témoignage, que l’Esprit construit à travers chacune de nos existences, se manifeste encore à travers une autre figure : le corps de l’Eglise.

L’Esprit ne se contente pas d’ajouter les uns aux autres les fruits que la grâce produit en chacun. Par le don de l’Esprit, Dieu transforme un groupe humain comme celui des apôtres, comme le nôtre ce matin, en un unique corps, le corps du Christ, où chaque membre se réjouit de la présence effective des autres membres !

Enfin, c’est l’Esprit Saint qui nous envoie en mission et nous donne le courage de sortir.

J’aime reprendre ces mots du pape François : « Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel ; sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile. »

En ce jour de Pentecôte où l’Esprit constitue son Eglise comme témoin et apôtre du Christ, rendons grâce à Dieu qui fait de nous des témoins de la vérité et des témoins de son amour. Amen.