Bénédiction de Saint-Paul des Nations

Homélie de Stanislas Lalanne
lors de la bénédiction
du tiers-lieu « Saint-Paul des nations »
Saint-Gratien, samedi 11 novembre 2023

Ce passage d’Evangile a été proposé par l’équipe liturgique de Saint-Paul et Saint-Ferdinand. Je trouve qu’il éclaire bien la création de ce tiers-lieu au cœur de la cité : « Saint-Paul-des-nations ». 

Ce lieu va avoir comme vocation d’accueillir le plus grand nombre de personnes, jeunes et moins jeunes, comme l’indique l’invitation pour cette inauguration. Cela tombe bien aussi car c’est un Evangile qui m’est cher et qui a sans doute été décisif dans ma vocation de prêtre !

C’était la première fois. La première rencontre avec Jésus. Le premier regard. Il y avait là André et l’autre disciple. Et ce qui commence ce jour-là, c’est aussi ce qui se continue ce matin, avec vous, avec votre communauté, avec tous ceux et celles qui seront accueillis ici, avec tous ceux et celles qui feront vivre ce lieu, avec chacun.

Premier regard, première rencontre, car la foi chrétienne, c’est une amitié, une rencontre. Une amitié, de celles qui durent toute une vie. Il est quatre heures et ils vont demeurer ensemble : première découverte, premier repas ensemble.

Ce qu’ils se sont dit, nous ne le savons pas ! Mais ce dont nous pouvons être sûrs, c’est que cette rencontre a été si forte, si décisive, qu’elle va désormais les habiter pour le restant de leur vie. Elle demeurera au cœur de leur existence, même quand il leur arrivera de la perdre de vue. 

Bien sûr, il y aura, comme pour nous, le quotidien avec ses hauts et ses bas. Il y aura des éloignements, les leurs, les vôtres, les miens. Mais il y aura désormais ce lien, « si fort que rien ne pourra le défaire ». Pas même nos infidélités, pas même le reniement de Pierre ou le nôtre.

Une amitié qui nous propose un cœur à cœur avec le Christ. Notre foi n’est ni de l’ordre de la croyance, ou de la morale. Elle est de l’ordre de l’amitié. Elle naît parce qu’un jour nous avons été ainsi « regardés », de ce regard lumineux, plein de la tendresse de Dieu. Comme le regard d’un enfant. Comme le regard de certaines icônes du visage du Christ qui nous touchent si fortement. 

Ce qui fait la foi et l’Eglise, ce qui nous a conduits à mettre nos pas dans les pas du Christ, c’est cette amitié et le désir de la vivre. C’est simplement le désir de « demeurer » un moment avec le Christ. 

Au centre de ce tiers-lieu, cette chapelle, lieu de prière où l’eucharistie sera régulièrement célébrée, lieu de prière et d’adoration, de recueillement, de formation biblique. 

« Ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. » Ensemble, car vous l’avez remarqué, ils étaient deux déjà pour cette première rencontre, comme un début d’Eglise !

Le reste, tout le reste – les dogmes, la morale, les engagements, les activités, ou encore le Pape, les évêques, les structures de l’Eglise –, rien n’a de sens en dehors de cette présence, de cette rencontre, de cette amitié. 

Tout cela est né, ce jour-là, au bord du Jourdain, de ce premier regard. Tout cela continue aujourd’hui, parce qu’un certain nombre de femmes, d’hommes, d’enfants, de jeunes, de personnes âgées sont ainsi rencontrés par le Christ. 

Tout cela va se vivre ici de belle manière : par l’accueil des jeunes, l’accompagnement des familles, l’accueil des personnes en fragilité, des temps de ressourcement spirituel. 

Souvent nous nous posons la question : « Comment transmettre notre foi ? » Voyez alors ce qui s’est passé ce jour-là. Il ne s’agit ni de convaincre, ni de convertir, ni d’expliquer, ni de justifier ! Ni de faire preuve de prosélytisme. 

« Venez et vous verrez. » Voilà ce que nous pouvons faire : essayer de les mettre en relation avec le Christ. Ensuite, c’est à eux, et à l’Esprit Saint en eux, de jouer. Et puis, à notre tour, nous sommes conviés à conduire ceux qui le souhaitent à découvrir et à rencontrer ce Dieu qui s’est révélé à nous en Christ.

Peu importe notre condition, nos fragilités, nos blessures, nous avons cette possibilité de devenir de vrais témoins de cette foi qui vit au plus profond de chacun de nous et ce, jusqu’à notre dernier souffle. 

Il ne s’agit pas de faire de grands discours, mais plutôt d’être ajusté à la volonté de Dieu. Cette volonté de Dieu s’exprime dans la douceur de nos mots, dans la tendresse de nos regards, dans la bienveillance de nos actes. 

« Venez et vous verrez. » L’expérience que vous souhaitez vivre dans ce tiers-lieu est bien de cet ordre.

« Venez et vous verrez », que ce soit par les activités auprès des jeunes, que ce soit par les activités proposées auprès des familles, que ce soit par les activités proposés pour les personnes en difficulté, que ce soit par cette entreprise solidaire, que ce soit par la dimension spirituelle et toutes les activités « religieuses ». 

Notre espérance et notre désir, c’est bien que beaucoup puissent venir et voir, être accueillis, écoutés et accompagnés dans leur quête de sens et de reconnaissance. Cela vaut aussi pour ceux qui s’investissent auprès des autres, qu’ils puissent venir et y voir dans leurs frères et sœurs le visage de Jésus.  

« Jésus leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Maître, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez et vous verrez. » » Belle feuille de route pour ce tiers-lieu « Saint-Paul des nations » ! Amen.