
L’aéroport, un carrefour des nations
Début avril, Mgr Benoît Bertrand a rencontré l’aumônerie catholique de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. L’occasion de mettre en lumière la mission discrète mais essentielle de celles et ceux qui, au cœur du « carrefour des nations », accompagnent spirituellement voyageurs et personnel de la plateforme.
Les aéroports sont des lieux spécifiques où l’homme qui voyage trouve un espace privilégié. Certes, sur cette terre, tous, nous ne sommes qu’homo viator, l’homme en chemin. Pour cela, il suffit de se rendre à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle. Sa surface de 32 kilomètres carrée, son immensité, traverser l’ensemble des terminaux : Terminal 1, Terminal 2 A, B, C, D, E, F, prendre la navette pour atteindre le Terminal 2G, descendre du CDG Val à Roissypole et terminer par le Terminal 3 en traversant la Gare routière pour rencontrer les voyageurs de tous horizons.
Dans les aéroports de la planète il y a de multiples lieux de cultes. A Paris CDG, cinq espaces prières sont dédiés aux trois religions, chrétienne, juive et musulmane. Chaque confession a sa propre salle et un bureau commun permet aux différents aumôniers de se retrouver. Cette organisation est unique à travers le monde. Pour les chrétiens, cinq chapelles sont mises à leur disposition. L’homo viator est ainsi accueilli dans chaque terminal : deux en zone publique et trois en zone réservée.
L’aéroport, un carrefour des nations
L’aéroport est un carrefour des nations où se croisent « les hommes de tout pays et de toute langue, de toute race et de toute culture » (Missel romain). Il n’est pas difficile d’y associer la référence biblique. Selon l’évangéliste Saint Matthieu, après l’arrestation de Jean-Baptiste, Jésus s’est installé à Capharnaüm. À l’époque romaine, ce village était à la fois un port de pêche et un centre agricole. La ville disposait de commerces, d’un bureau de douane et d’une petite garnison de soldats romains. Sur la route de Damas, c’était la ville frontière entre deux principautés. Si la Galilée était le « carrefour » des nations, Jésus, en s’installant à Capharnaüm, choisit d’être présent avec des ethnies différentes, des multiples cultures et des valeurs diverses. Jésus était présent plutôt sur la place publique, en ce lieu de passage sur une terre juive… et païenne. Jésus annonçait donc la Bonne Nouvelle dans des villages où les différentes cultures cohabitaient. Le message de Jésus était vraiment ouvert à tous ! Les points communs de Capharnaüm avec l’immense aéroport international sont plus qu’évidents.
Comme Jésus, les aumôniers de l’aéroport sont présents sur la place publique. Ils font de leur mieux pour indiquer un bel horizon ou très simplement redonner l’espérance et la joie.
Un accueil inconditionnel
Les aumôniers de différentes confessions se croisent assez souvent, chaque aumônerie a sa spécificité. Trois aumôniers catholiques (un prêtre, un diacre permanent et une religieuse) assurent l’accueil des passagers, aussi bien des laïcs que des évêques, prêtres, religieux et religieuses.
Des moments, des rencontres, des célébrations uniques, inoubliables : messes, entretiens, sacrements du pardon… l’accueil des groupes de catholiques, des pèlerins allant vers toutes les directions du globe. Parfois, il faut accompagner les passagers vers les salles d’embarquement ou les accueillir à la porte des avions.
Les témoignages de passants sont remarquables : « C’est bien que vous soyez ici », « ce que vous faites ici est incroyable », « il faut être passionné pour accomplir cette mission »… L’aumônerie catholique a ouvert un livre d’or qui contient de multiples témoignages en langues différentes de certains visiteurs.
Les messes quotidiennes sont célébrées souvent pour quelques personnes, mais les rencontres sont multiples chaque jour. Car il n’y a pas des petites Eglises. L’Eglise existe, est ou n’est pas. « Là où deux ou trois personnes se réunissent en mon nom, je suis parmi eux » (Mt 18,20). Une bougie peut allumer plusieurs bougies.
Les aumôniers n’accueillent pas uniquement des fidèles de leur religion, Ils accueillent avant tout des êtres humains, souvent autour d’un café pour réchauffer les cœurs et même pour améliorer le temps festif dans la joie de Noël : le partage de chocolats offerts par la direction.
Mais l’accueil comporte une dimension de service, il arrive en effet que les déplacements journaliers à pied dépassent 10 kilomètres. Il faut être aussi homo viator pour aller vers les autres.
Une Eglise en sortie
A CDG, 90 000 personnes ne sont pas des passagers : les femmes de ménage, les chefs de cantines, le personnel de restauration, les policiers, les gendarmes, les douaniers et militaires, le personnel de piste, le personnel médical, les administrations, la direction, les vendeurs des nombreuses boutiques, les chauffeurs, les sans-abris accompagnés surtout par La Croix Rouge. L’aumônier peut partager un repas avec les employés dans les cinq cantines de la plateforme.
Un aumônier catholique peut apporter le message de l’Évangile lorsqu’il les accompagne, lorsqu’il s’intéresse à leurs affaires, à leurs problèmes. Avec toute la délicatesse qui convient, dans le respect de la liberté de chacun, l’humanité de l’aumônier peut devenir un point de départ pour établir une relation plus étroite avec le Christ et pour revitaliser la vie religieuse. Un psychologue ne remplacera pas un aumônier, cela ne fonctionnerait que « dans une certaine mesure », car la sphère spirituelle dépasse la compétence d’un psychologue. C’est l’aumônier qui utilise souvent ses connaissances psychologiques pour aider les gens.
Chaque aumônier chemine avec cet enseignement du pape François : « L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries » et « L’Église ne grandit pas par prosélytisme mais en attirant… ».
Les aumôniers chrétiens, catholiques et protestants (et bientôt orthodoxes) se complètent avec leurs homologues israélites et musulmans. La synagogue sert parfois de confessionnal pour le prêtre catholique ou pour accueillir des femmes musulmanes lorsqu’il manque de la place à la mosquée ce qui fait la plus grande joie du grand rabbin de France ! Il répète avec fierté la phrase d’un grand prophète de l’Ancien Testament : « Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations » (Is 56,7).
Un témoignage vivant de la Bonne Nouvelle du Christ
Les aumôniers des différentes confessions se croisent souvent dans les bureaux communs des espaces prières. Dans chaque bureau se trouve un ordinateur fourni par l’aéroport, chacun a son adresse mail professionnelle et entre avec son code dans son espace virtuel. Sur les PC, il y a l’immense travail administratif avec beaucoup de responsables de la plateforme pour améliorer, développer, entretenir les lieux du culte, les réponses en plusieurs langues aux passagers du monde entier qui envisagent d’avoir un service religieux avant ou après leurs vols ou pendant l’escale.
Les aumôniers se rencontrent aussi aux divers événements organisés par la direction. Mais surtout le rôle d’un aumônier, c’est de témoigner. Il nous faut être des témoins d’espérance. La présence de l’Eglise à l’aéroport est un témoignage vivant de la bonne nouvelle. « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. » a dit Paul VI (1974, phrase reprise depuis par le pape Jean Paul II (1999) et par le cardinal Bergoglio (2005).
Un aumônier catholique peut toujours apprendre son » métier » d’un prêtre-poète, Jan Twardowski (1915-2006) qui a écrit :
« Je ne suis pas venu vous convertir,
Monsieur,
d’ailleurs me sont sortis de la tête
tous les sermons et leur sagesse (…)
je ne vais pas vous verser dans l’oreille
une cuillerée de sainte théologie
je vais tout simplement m’asseoir à côté de vous
et vous confier mon secret :
que moi qui suis prêtre,
je crois en Dieu comme un enfant… »
Padre Piotr Andrzejewski
Aumônier de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle
Aumônerie de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle : les prochaines célébrations
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