Homélie de Stanislas Lalanne
Appel décisif des catéchumènes adultes
Cathédrale Saint-Maclou – Dimanche 25 février 2024

Jésus aussi a quitté son pays, son village de Nazareth. Et il a pris le chemin qui, en passant par Jérusalem, le conduira vers sa Pâque. Lors de son baptême, qui inaugure sa mission, il a entendu cette voix des cieux : « Celui-ci est mon fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. »

Il est alors parti au désert. Au désert, Jésus a ajusté sa relation à Dieu. En effet, la poutre horizontale de la croix qu’il devra un jour porter, celle qui embrasse le monde, ne tient que grâce à sa partie verticale, enracinée en Dieu.

Lucide donc, Jésus s’est alors mis en route, se choisissant des disciples pour l’accompagner. Eux aussi ont quitté leur pays, leur père, pour répondre à un appel, habités par la seule confiance.

Juste avant la Transfiguration, dans la version de l’évangile selon saint Matthieu, Jésus leur a demandé qui il était à leurs yeux. Pierre a répondu : « Le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Aussitôt, Jésus les a avertis : cela n’épargnerait pas les difficultés du chemin. « Il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup, y être tué et, le troisième jour, ressusciter. » « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas », lui dit Pierre. Les apôtres connaissent à leur tour la tentation.

Jésus prend alors avec lui Pierre, Jacques et Jean sur la montagne, lieu de la rencontre de Dieu. Un moment d’intense lumière. Un éclair dans la nuit. Juste de quoi continuer ensuite le chemin. Sans trop comprendre, car il s’agit déjà des premières lueurs de Pâques qui se reflètent sur le visage de celui qui vient d’annoncer sa mort, les trois disciples se sont vus confirmée l’identité de Jésus.

Mais pas question de s’installer, il faut redescendre et marcher vers Jérusalem, avec lui. Cette anticipation de Pâques va permettre aux apôtres de vivre ce chemin difficile avec la certitude que la Vie aura le dernier mot.

Cette expérience de la Transfiguration, de la lumière du Christ qui irradie la vie a été aussi la vôtre. Vous avez reconnu le Christ et vous l’avez écouté. Vous avez alors demandé à recevoir le baptême.

Vous me l’avez confié dans vos lettres qui m’ont fortement touché, par leur vérité et leur simplicité. Je ne peux pas toutes les citer ! Juste sept.

« Le catéchuménat a été une sorte de pèlerinage spirituel au fil de toutes ces années. »

« Par le baptême, je veux rendre visible aux yeux de tous l’amour que Dieu a pour moi et celui que je lui porte. »

« Je suis réellement motivée à recevoir ces trois sacrements et à entrer officiellement dans l’Eglise, bien que je craigne de ne pas être à la hauteur. Je suis enfin moi et cela me procure beaucoup de bien. Je remercie chaque jour le Seigneur d’être entré dans ma vie et de veiller sur moi comme il le fait. Je le remercie pour tout l’amour qu’il met en mon cœur et pour la vie qu’il me permet de vivre. »

« Depuis cet appel, j’ai remis ma vie entre les mains et la Parole du Christ. Je le laisse me façonner et j’avance, à son rythme, selon sa volonté. Je recolle petit à petit les morceaux de ma vie. Je ne souhaite à présent que vivre d’amour, en vérité, donner le meilleur de moi et faire confiance au Seigneur dans son infinie bonté. J’ai été sauvé, appelé et je reviens de loin. »

« C’est en faisant cette relecture des événements de ma vie sous le regard de Dieu que je fais le lien et que je comprends qu’il avait toujours été là, à veiller sur moi en attendant que je puisse répondre à son appel. Depuis que Dieu fait partie intégrante de ma vie, ma vision sur le monde et sur ma propre vie a été grandement bousculée. »

« La foi m’a appris à faire confiance, à ne plus craindre l’avenir et à surmonter avec plus de force et d’humilité les épreuves de la vie. C’est pourquoi, malgré mes périodes de doutes et de questionnements, je me sens prête à m’engager dans une vie chrétienne. »

« Les sacrements que je demande à recevoir sont aujourd’hui la pièce qui viendra compléter mon chemin pour le commencement d’une vie nouvelle dont Dieu sera la source. J’intègrerai sa maison et je serai reconnue comme une de ses membres. Cela sera le moment d’intensifier ma relation au Christ tout en transmettant ce que j’ai reçu aux autres. »

« J’ai rencontré Jésus il y a maintenant 4 ans, il a complètement changé ma vie. Je me sens désormais aimé et je ne manque plus de rien. J’ai de nouveau appris à m’aimer. J’attends de ce baptême une renaissance. Je veux rayonner, servir et témoigner auprès de tous que la source de mon bonheur, c’est Jésus !»

Magnifique !

Pour terminer, je mets l’accent sur trois points. Le premier, c’est qu’on ne devient pas chrétien tout seul, de manière isolée, mais ensemble, en Eglise.

Bien sûr, l’expérience de la foi est personnelle. Mais vous n’êtes pas les seuls à croire, vous êtes entourés de votre parrain ou marraine, de tel membre de votre famille ou de vos amis, de vos accompagnateurs, de prêtres, diacres, de vos paroisses, de consacré(e)s peut-être également.

Dans les témoignages qui ont accompagné vos lettres, plusieurs accompagnateurs ont souligné qu’avec vous ils avaient redécouvert l’Evangile et grandi dans leur propre foi. L’échange et la rencontre ne se vivent pas en sens unique, mais sont source d’enrichissement mutuel.

Vous faites aujourd’hui l’expérience de l’Eglise. Même si, pour Dieu, chacun de vous est unique, il fait alliance avec vous au sein d’un peuple. Vous êtes originaires de différents pays, de différentes cultures, vous avez des âges différents, chacun de vous a son histoire sainte unique. Mais vous ne pourrez pas vivre la foi de manière isolée. Elle se vivra en communauté, en Eglise, rassemblement de ceux et celles qui sont appelés.

Certains de vous deviendront accompagnateurs de catéchumènes, d’autres participeront à un groupe de prière, à une chorale, au Secours Catholique…  D’autres deviendront catéchistes ou animateurs d’aumônerie, d’autres encore participeront à l’animation liturgique… Chacun recevra une mission pour être non seulement disciple mais apôtre.

Un deuxième point : plusieurs d’entre vous me confient que depuis le commencement de votre préparation, votre vie s’est transformée. Vos accompagnateurs en témoignent aussi. 

Avec eux, vous avez donc découvert que suivre le Christ conduit à changer quelque chose dans sa manière de vivre, d’être avec les autres, son regard sur eux, sur le monde, sa manière d’utiliser les biens, sa manière de donner et recevoir le pardon.

Et mon troisième point : être disciple du Christ, c’est accepter de vivre un véritable combat spirituel comme les apôtres après la Transfiguration.

Jésus a été tenté tout au long de sa vie. Et pas seulement au désert ! Il a eu à lutter contre toutes formes de tentations mais il en a été victorieux, en se nourrissant avant tout de la Parole de Dieu.

De même pour vous. Vous aurez à vous nourrir de la Parole car il y a dans la vie du chrétien un combat spirituel à la suite du Christ :

• pour tenir dans la fidélité, ne pas se décourager dès la première difficulté,
• pour oser affronter les moqueries, les critiques contre l’Eglise,
• pour adopter un art de vivre qui a la saveur de l’Evangile,
• pour entrer dans l’intimité du Père par la prière.

Chers amis, votre chemin dans le catéchuménat a duré un certain temps. Mais maintenant, il ne s’agit plus simplement de franchir le seuil d’une église. Il s’agit de présenter toute votre vie à Dieu pour qu’il en prenne possession. Pour votre joie ! Amen.