Nous fêtons celle qui a répondu à l’appel du Seigneur

Quel beau récit que celui de la Visitation que nous venons d’entendre : visitation de Marie à Elisabeth, visitation du Fils de Dieu, appel pour une Eglise de la visitation, tout au long de cette année pastorale.

La visite de Marie à Elisabeth, une visite pas comme les autres ! Rencontre de deux femmes qui vont partager la joie d’être enceintes, l’une et l’autre. L’une arrive, l’autre accueille et offre l’hospitalité.

Contemplons d’abord Marie. Elle porte la sainte Présence, comme l’Arche d’Alliance, qui va se transporter vers le pays de Juda, pour une visite de trois mois dans la maison de Zacharie. Le Fils de Dieu qui l’habite, l’Esprit Saint qui l’enveloppe, comme la Gloire et la Nuée l’habitaient et enveloppaient le Sanctuaire, font surgir et se hâter Marie vers Elisabeth, sa parente.

Cette hâte et cette joie de Marie deviennent les nôtres.

Marie est habitée par une double hâte : la hâte de se réjouir du signe que l’Ange lui a donné : la maternité d’une vieille femme stérile ; mais aussi la hâte de communiquer à ses proches la bonne nouvelle du Salut. Finalement, Marie est bien la première messagère de l’Evangile de l’Incarnation et du Salut.

Cette hâte et cette joie de Marie deviennent les nôtres. Elles caractérisent bien la mission des apôtres et de l’Eglise après elle, la mission des disciples-missionnaires que nous sommes appelés, toujours plus, à devenir.

Habités par l’Esprit Saint, portant la Parole et le Corps du Christ, l’Eglise, notre Eglise diocésaine, en pèlerinage, en visitation, n’a qu’une hâte, qu’une joie : les transmettre à tous les hommes, pour leur donner la paix, le bonheur, le salut, dans la proclamation du règne de Dieu.

Durant cette année pastorale j’ai le profond désir que dans nos paroisses se créent et se développent, de manière vraiment significative et visible, des petites fraternités missionnaires dans le dynamisme de la démarche synodale. Elles sont, elles seront, des lieux privilégiés pour se nourrir de la Parole et pour la partager avec d’autres. Elles seront des lieux privilégiés pour vivre des relations de proximité, ces visitations, où on prend soin des plus pauvres… C’est une nécessité vitale.

Dieu nous visite !

Je reviens sur ce récit de cette visitation, cette entrée de Marie chez Zacharie et la salutation qu’elle adresse à Elisabeth. Elles sont une manifestation de Dieu, une épiphanie. Dieu les visite, Dieu nous visite ! Oui, la salutation de Marie retentit aux oreilles d’Elisabeth comme une voix venant de Dieu et elle produit en elle comme un choc miraculeux.  

Jean-Baptiste, en son sein, bondit d’allégresse, comme David qui dansait et bondissait de joie devant l’Arche d’alliance entrant à Jérusalem. La parole de Marie a été entendue comme la Parole de Dieu. La parole de Marie, à cause du Messie qu’elle porte, s’identifie à la Parole même de Dieu.

Marie apparaît ici, une première fois, intimement liée à la mission du Fils de Dieu. Elle est vraiment la mère du Seigneur. La parole de la mère transmet la Parole du Fils. Cette unité de la mère et du Fils souligne fortement la réalité de l’Incarnation : Dieu a vraiment pris chair de la Vierge Marie. Il est le fils de Marie, Marie est la mère de Dieu. Magnifique ! Et l’Eglise spirituellement, comme Marie physiquement, porte en elle la Parole de Dieu.

Sa mission, notre mission, accomplie dans la hâte et la joie, c’est de faire retentir devant les hommes la salutation de Dieu : « Le Seigneur soit avec vous ! » Il est avec nous, il est présent réellement. C’est là toute la prédication.

Evangile de la Visitation… L’Eglise appelée à visiter fraternellement le monde pour lui apporter, dans la douceur de sa charité, la joie de la délivrance : la paix, le bonheur, le salut. L’Eglise appelée à être signe, parmi les hommes, dans notre société du Val-d’Oise, de la visite de Dieu. Le mystère de la visite de Dieu, c’est toujours un mystère qui appelle à vivre, qui appelle à grandir, qui appelle à la fécondité.

Dieu ne cesse d’appeler nos communautés

Oui, Dieu ne cesse de visiter l’Eglise, nos communautés paroissiales, nos aumôneries, nos écoles, nos mouvements, nos familles… Il ne cesse d’appeler nos communautés, pour qu’elles soient fécondes, pour qu’elles donnent la vie à leurs membres, pour qu’elles donnent la vie à de nouveaux enfants.

Il est important que, dans notre prière, nous demandions à Dieu, en ce début d’année pastorale, de visiter son Eglise, de visiter nos communautés.

Et il est important de nous mettre en disposition d’entendre ses appels, pour y répondre à l’exemple de Marie : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ! »

Nous sommes rassemblés aujourd’hui parce que nous fêtons la Vierge Marie, Notre-Dame de Pontoise, Notre Dame de la Visitation. Parce que nous fêtons celle qui a proclamé ce bonheur de croire, parce que nous fêtons celle qui a chanté dans l’action de grâce : « Tous les âges me diront bienheureuse», parce que nous fêtons celle qui a répondu à l’appel du Seigneur et qui nous montre le chemin, jusqu’à la Croix, jusqu’au Ressuscité.

Elle nous accompagnera volontiers sur le bord invisible de la route à chaque fois que nous visiterons ceux qui auront besoin de notre amitié, de notre présence, ceux qui nous appelleront. Aujourd’hui même, invisiblement, dans le silence, elle nous rend visite.

 Elle est là, avec nous, pour que tout au long de cette année scolaire, de cette année pastorale, nous puissions accueillir la visite du Seigneur, nous puissions entendre ses appels et y répondre.

Et pour que, comme elle, dans la hâte, nous allions visiter nos frères et sœurs, et recevoir d’eux l’hospitalité. Amen.