Journée du Presbyterium
Tous les prêtres du diocèse de Pontoise étaient réunis autour de notre évêque ce 19 octobre 2021 pour la Journée du Presbyterium. Au programme : marche entre Ecouen et Notre-Dame de France, visite du château d’Ecouen… Lire l’homélie de Mgr Stanislas Lalanne.
Homélie de Stanislas Lalanne
lors de la messe avec le presbyterium,
mardi 19 octobre 2021, Ecouen
Nous venons d’entendre ce passage de l’évangile de Luc : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins. » Et : « Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. »
Trois mots qui peuvent nous caractériser : service (tenue de service), heureux et veiller.
« Restez en tenue de service »
Nous sommes les serviteurs du Christ, serviteurs de nos frères auxquels nous sommes totalement livrés.
C’est bien le mystère de l’Eglise, cette ouverture au service et cette consécration du prêtre :
- pour que notre Eglise soit, dans sa pauvreté, témoin du désir de Dieu ;
- pour que notre Eglise soit, dans sa faiblesse, même, témoin de l’incarnation du Christ ;
- et pour que l’Eglise soit, dans la fraternité toujours à approfondir, porteuse de l’espérance de Dieu.
Des serviteurs qui restent éveillés, qui restent des veilleurs.
« Restez éveillés », c’est ce que le Seigneur demande instamment à ses disciples. Cet appel résonne aujourd’hui jusqu’à nous.
L’Eglise a besoin d’une Eglise de veilleurs, de pasteurs :
- qui écoutent les appels au secours des plus fragiles et qui les relaient,
- mais qui ont l’audace de croire qu’ils peuvent et doivent y répondre en témoignant du Christ, unique Sauveur.
L’assoupissement n’est pas un risque improbable : les disciples du Christ eux-mêmes, à l’heure de l’agonie au jardin des Oliviers, ont succombé au sommeil.
C’est vrai, la flamme peut baisser d’intensité jusqu’à s’éteindre, s’attiédir jusqu’à se refroidir. Pour plusieurs raisons :
- tout d’abord le poids des épreuves et des souffrances qui peut être tellement pesant que le cœur s’alourdit ;
- il y a également les drames, les violences et les injustices de notre temps qui font baisser les bras ;
- il y a la fatigue d’un ministère trop lourd, éprouvant, dont on ne voit pas toujours les fruits ;
- il y a encore la publication de ce rapport accablant de la CIASE qui peut couper notre élan missionnaire…
Un cœur assoupi et une âme endormie qui risquent de manquer l’heure du retour du maître.
C’est là que la vie fraternelle entre prêtres peut nous soutenir fortement, cette fraternité à laquelle vous invitent votre évêque et le conseil presbytéral.
Cette fraternité qui doit être comme un principe de vie constitutif de notre sacerdoce, pour porter ensemble la mission, nous soutenir et nous aider mutuellement quand le fardeau est trop pesant…
C’est vrai que nous portons le trésor de l’Evangile dans des vases d’argile, dans nos pauvres personnes, à la fois fortes de la présence de l’Esprit Saint et, en même temps, si fragiles.
C’est là le paradoxe de notre ministère. Saint Paul nous rappelle que le ministère apostolique, auquel nous participons, est un ministère exposé.
Et s’il est exposé, c’est au moins pour deux raisons :
- la première vient de nos propres faiblesses, de notre histoire personnelle, de notre sensibilité, des blessures de nos vies peut-être, de nos peurs et aussi de notre péché ;
- la seconde raison, c’est la difficulté propre à notre ministère : difficultés relationnelles à l’intérieur de nos communautés ou entre confrères, rejets éventuels, moqueries ou tout simplement l’indifférence apparente que nous pouvons rencontrer.
Tout cela nous touche, nous ébranle, même dans nos convictions les plus ancrées. Le risque peut être alors de se refermer, de se couper des autres, de perdre confiance, voire de se durcir.
C’est pourquoi cette vie fraternelle entre nous est vitale même si elle peut prendre des formes différentes en fonction des désirs de chacun : prière commune, repas réguliers partagés, relecture de notre ministère, détente et loisirs partagés aussi, etc.
Mais nous le savons, ce ministère exposé, c’est le ministère du Christ, confié par le Christ, lié intimement à lui. Saint Paul dira : « J’ai accepté de tout perdre… à cause de lui. »
Et le grand apôtre nous révèle tout au long de ses lettres son amour passionné du Christ : « Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
« Heureux » ! Oui, malgré les obstacles, les résistances, les épreuves, je crois pouvoir dire que la seule chose qui nous anime, c’est :
- la joie de cet amour, de ce service, de cette manière de se laisser conduire par le Christ !
- la joie de percevoir l’œuvre de l’Esprit Saint dans le cœur de ceux et celles qui nous sont confiés,
- la joie de se laisser conduire par le Christ,
- la joie d’être aux mains nues comme lui, d’être des serviteurs, à la manière du Christ.
Comme prêtres, notre joie est d’être les hommes de l’ouverture à Dieu avec tout ce que cela veut dire : depuis ce chemin intime de la découverte de Dieu où l’on passe des ténèbres à la lumière, de l’alliance du désert jusqu’aux épousailles les plus secrètes…
C’est la joie de guider ce chemin vers Dieu, de consacrer les hommes et de leur dire que Dieu est leur Père. C’est bien le sens de l’évangélisation toujours renouvelée qui est notre joie profonde.
C’est pourquoi nous sommes appelés :
- à être totalement livrés à leur service,
- à être totalement consacrés à la Parole,
- à être les hommes de l’eucharistie,
- à être les hommes de l’espérance et de la louange.
Nous le sommes pour que l’humanité entière trouve dans ce chemin, dans cet élan, un attrait, un goût, un désir qui la conduise jusqu’au cœur de Dieu.
Et c’est note joie ! Amen.