Ordination diaconale
de Florian Aubonnet
Florian Aubonnet, originaire de Saint-Prix, a été ordonné diacre en vue du presbytérat ce dimanche 3 octobre 2021 à Ecouen au cours d’une célébration présidée par Mgr Stanislas Lalanne. Retransmission et Homélie de l’évêque.
Homélie de Stanislas Lalanne
pour l’ordination diaconale
de Florian Aubonnet
Eglise d’Ecouen, dimanche 3 octobre 2021
Dans l’évangile que tu as choisi, Florian, nous voyons Dieu en souci pour ce monde. Il y a un message vital à transmettre, mais les volontaires ne se bousculent pas pour cette tâche !
Dieu ne cesse pourtant pas d’embaucher. Il parle de vignerons et de moissonneurs. Il invente le blé et la vigne. A l’homme de labourer, de semer, de planter, de récolter. Grâce aux moissonneurs, le blé de la Parole fera des merveilles.
Tout au long de la Bible, Dieu ne cesse d’appeler. D’Abraham aux prophètes, Dieu appelle. Si aucun Moïse ne s’était porté volontaire, il n’y aurait pas eu de sortie d’Egypte.
Que serait un Dieu qui produirait du blé sans moissonneurs, qui donnerait des soins aux malades sans médecins, qui transmettrait sa Parole sans messagers ?…
Finalement, le projet de Dieu est à la merci de la réponse de l’homme ! Florian, tu en as fait l’expérience personnelle quand, à l’âge de 18 ans, en mission humanitaire à Madagascar, un appel intérieur dans la prière t’a bouleversé.
Tu as comme entendu le Christ te dire : « Suis-moi ! ». Et pour la première fois, tu t’es senti appelé à être prêtre à la manière des apôtres.
Tu as comme entendu le Christ te dire : « Suis-moi ! ». Et pour la première fois, tu t’es senti appelé à être prêtre à la manière des apôtres.
Au fil des années, tu as ressenti le désir irrépressible de rejoindre les 72 appelés à marcher en avant du Messie pour annoncer : « Quelqu’un est là au milieu de vous, que vous ne connaissez pas. »
Et voici qu’après un certain nombre d’étapes, d’événements, de rencontres, qui ont permis à ta vocation de mûrir et s’approfondir, tu vas être ordonné diacre, pour ta joie et pour la nôtre !
Tu vas être appelé à t’approprier la figure du Christ, serviteur et proche de tous, des plus petits en particulier auxquels tu es si sensible et attentif.
Pour comprendre le diaconat, il ne faut pas partir de ce que fait le diacre. Il peut faire bien des choses, très diverses selon les charismes personnels, les besoins de la mission, les étapes de la vie.
Il faut partir de ce qu’il est : serviteur de la charité du Christ pour tous. Au cœur du monde, il est signe sacramentel de l’amour gratuit du Père et de la fraternité qu’il engage.
Oui, le ministère diaconal porte une fonction principale dans la mission de l’Eglise : incarner sacramentellement la figure du Christ serviteur.
Oui, le ministère diaconal porte une fonction principale dans la mission de l’Eglise : incarner sacramentellement la figure du Christ serviteur.
Dans la mission pastorale de l’Eglise, le service n’est pas une fonction secondaire et adjacente mais un élément central de sa mission : annoncer la miséricorde de Dieu jusqu’aux périphéries.
Comment pouvons-nous annoncer la miséricorde de Dieu sans nous mettre au service de nos frères et sans manifester concrètement cette miséricorde de Dieu pour l’humanité à travers les gestes humains de service, de solidarité et d’amour ?
Je compte sur toi, Florian, pour être, là où tu es et là où tu seras appelé, un serviteur aimant de l’amour miséricordieux, plein d’une affection humaine puisée dans la tendresse de Dieu.
Même dans l’Eglise, nous pouvons être parfois durs. A tort ou à raison, nous pouvons paraître raides ou distants, indélicats, non fraternels et parfois même injustes. Dieu nous garde de prêter le flanc à ces critiques.
Même dans l’Eglise, nous pouvons être parfois durs. A tort ou à raison, nous pouvons paraître raides ou distants, indélicats, non fraternels et parfois même injustes. Dieu nous garde de prêter le flanc à ces critiques.
Notre ministère doit nous humaniser à la source de la tendresse et de la miséricorde de Dieu, au-delà de nos faiblesses et de nos fragilités, ou plutôt avec nos faiblesses et nos fragilités. Tu m’as confié avoir vu le Seigneur à l’œuvre à travers tes propres fragilités.
Le contact constant avec la Parole de Dieu essentielle dans ta vie et dont tu seras aussi le serviteur, la prière des Heures que tu pratiques déjà avec goût, avec fidélité, et à laquelle tu vas t’engager, te permettra de nourrir une juste affection avec tous.
Témoin de la miséricorde de Dieu, c’est la priorité du ministère diaconal qui n’est pas distraite par sa fonction liturgique, car l’annonce de la Parole et le service de l’autel sont des dimensions constitutives du service de l’Eglise.
Ce ministère liturgique du partage de la parole de Dieu et du pain de vie, si modeste soit-il, met en valeur que l’achèvement de l’acte pastoral de l’Eglise est de nourrir les hommes de la parole du Christ et de son pain venu du ciel.
Notre ministère doit nous humaniser à la source de la tendresse et de la miséricorde de Dieu, au-delà de nos faiblesses et de nos fragilités, ou plutôt avec nos faiblesses et nos fragilités.
Aussi, au moment de célébrer cette ordination,
- nous nous retournons vers la vie de notre Eglise pour qu’elle soit vraiment une « maison sûre » et accueillante à nos frères et sœurs en fragilité, particulièrement ceux qui ont été victimes d’abus sexuels, d’abus de pouvoir, aussi bien des enfants, des jeunes que des adultes,
- nous nous retournons vers les appels auxquels nos communautés sont confrontées par les circonstances du temps et vers les défis lancés par cette si rude crise sanitaire qui ravive les questions les plus essentielles et vitales…
- nous nous retournons vers les nouvelles relations qui se développent dans notre société en fonction de l’évolution des mœurs et des cultures.
Je crois que de plus en plus, notre source de vie, notre source de force, notre source de paix est méconnue et ignorée. C’est un défi pour notre Eglise diocésaine, c’est un défi pour nos communautés. Notre première mission, c’est donc de donner à cette source de vie, de force et de paix une figure visible.
Comment ?
- A travers la manière dont nous entrons en relation avec ceux et celles qui nous entourent,
- à travers la construction et la sauvegarde des liens dans les lieux de fracture, de blessure,
- dans la manière dont nous établissons des passerelles entre l’Eglise et le monde,
- dans la manière dont nous donnons le sens de cette figure visible de l’annonce de la Parole qui en est la source.
Quel beau ministère que ce ministère diaconal dans lequel tu vas trouver ta joie !
Un dernier mot sur ce récit que tu as choisi, celui de la rencontre du diacre Philippe et d’un prosélyte, cet eunuque d’Ethiopie qu’il rejoint sur sa route.
Ce passage des Actes indique les étapes d’une catéchèse, d’un parcours d’initiation chrétienne, avec cette lectio divina guidée par Philippe, l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus et la conversion de cet eunuque aboutissant à sa demande d’être baptisé aussitôt par Philippe.
Florian, j’espère que toi aussi, dans ton ministère diaconal, tu seras un facilitateur à la manière de Philippe et que tu entendras souvent cette interpellation : « Qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? » J’espère que toi aussi tu y répondras, que tu baptiseras et annonceras la Bonne Nouvelle dans toutes les villes où tu passeras, à l’exemple de Philippe !
Ainsi, tu rappelleras à tous le source d’où jaillit le service, l’eau vive qui renouvelle en nous l’esprit et l’attitude de service : ce don de Dieu que nous recevons dans l’écoute de la Parole et de l’eucharistie. Amen.
Stanislas Lalanne
Evêque de Pontoise
Octobre 2021
Photos : Christophe Prouvost et François-Xavier Diakité
POUR SOUTENIR
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DES SÉMINARISTES
Florian : “Je veux donner
ma vie à Dieu !”
Florian, 27 ans, affiche un sourire paisible. De son visage rayonne une joie tranquille mais aussi de la profondeur, une sorte de gravité. Séminariste pour le diocèse de Pontoise depuis cinq ans, Florian sera ordonné diacre en vue du presbytérat le 3 octobre 2021. Et le parcours qui l’a conduit jusqu’à cette étape est tout empreint de cette joie, de cette paix et de cette gravité.
Enfant, Florian avait un rêve : devenir cuisinier. « Une passion qui me vient de ma mère et qui a habité toute mon enfance et ma jeunesse », explique-t-il. Sa famille, ses amis d’enfance, tout le monde savait bien qu’un jour Florian serait « chef ». C’est donc naturellement qu’il intègre, juste après le Bac, une grande école de cuisine à Paris. Florian y trouve ses marques mais, peu à peu, il réalise ceci : dans l’exercice de la gastronomie, ce n’est pas tant la technicité qui l’intéresse mais bien plutôt la convivialité que la cuisine permet. « Je constate que je suis finalement peu désireux de passer ma vie en cuisine. »