Et si vous viviez un pèlerinage des mères ou des pères cette année ?
Chaque année, des mères et des pères se rassemblent pour des marches spirituelles à Cotignac, Vézelay ou encore Monligeon. L’occasion de redécouvrir la marche comme un chemin vers soi, les autres et Dieu. Et si vous participiez à l’aventure ?
Depuis une vingtaine d’années, des mères de famille et des pères de famille se retrouvent chaque année respectivement début juin et début juillet pour une marche joyeuse à Cotignac, dans le Vars, et, depuis 2007, à Vézelay. D’autres lieux suscitent des initiatives similaires à Monligeon, au Mont Saint Michel, etc. Cette offre spirituelle permet à des groupes de femmes ou d’hommes de cheminer ensemble en marchant. Mais elle est encore trop méconnue ou concurrencée par la force de la routine qui nous empêche de sortir de nos sentiers battus.
Littéralement, un peregrinus est un étranger, un exilé. Ainsi, le pèlerinage nous rappelle que notre vraie vie n’est pas uniquement dans l’ici-bas et que « la terre entière est un pays de transit qu’on sait quitter bientôt », comme l’écrit le philosophe Frédéric Gros, récemment converti.
Au cœur du pèlerinage, il y a le fait de marcher, ce qui peut sembler anodin, mais revêt en réalité une dimension insoupçonnée. Comme le souligne encore Frédéric Gros, la marche est « une pratique humble, presque pauvre, qui permet, à travers la monotonie immense des pas répétés, de redécouvrir un mode privilégié de présence à soi, aux autres. De se rendre disponible à la présence elle-même. » Pour le dire avec la belle plume du moine bénédictin François Cassingena-Trévedy [1], « la marche ouvre à la rencontre d’autrui, cet autrui dont tant d’autres moyens de transport, fussent-ils en commun lui interdisent l’accès naturel et la fréquentation approfondie. Car les autres, eux aussi, ne se rencontrent que pas à pas. »
C’est cette grâce de la marche qui est fondamentale dans ces pèlerinages en ce qu’elle nous prédispose à être présent à soi, à l’autre et au tout Autre.
Pour péleriner, il faut d’abord s’arracher. Pour tous, cela peut-être couteux, de poser un RTT, de quitter son confort, les enfants, toutes les activités de fin d’année, pour arriver à prendre ce temps pour soi !
Malgré tout, on y arrive : côté mamans, le dynamisme de la paroisse de Saint Leu essaime à Argenteuil et Cormeilles, et quelques autres paroisses du diocèse, formant une cohorte de 60 mamans enthousiastes arpentant début juin les sentiers du Morvan. Côté papas, près de cinquante d’entre eux venus d’Argenteuil, d’Eaubonne, Saint Prix, Groslay, Saint Leu, de Pontoise… ont foulé les chemins de Vézelay, forts boueux cette année, début juillet, sous la bannière diocèse de Pontoise.
En ces temps où les frontières du genre sont contestées et malmenées, partir entre « pairs » du même sexe suscite parfois l’étonnement. Pourtant, les motivations, on l’a vu, ne sont pas les mêmes. Et tous les blocages de la vie sociale sautent plus facilement dans une approche en « sororité » et en fraternité. Ces mots de Franck, habitué du pèlerinage, résument bien toute la richesse de cette expérience : « péleriner avec ses pairs, c’est oser la confiance du regard d’un frère, l’entourer du sien, les cœurs tournés vers le Père et se mettre dans Ses pas, portés par une même prière. Merci pour cette belle joie. »
Quel bonheur de marcher, sac au dos, dormir deux ou trois nuits sous tente, veillée au feu de bois, en faisant des haltes pour discuter simplement de notre vie de père ou de mère de famille, pour partager nos hauts et nos bas, dans la foi. La marche, la fatigue, le montage des tentes, la préparation des repas, l’apéritif – modéré mais mérité, les temps spi, les veillées, …. Autant d’occasions de fraternité et de joie.
Au cœur du pèlerinage, il y a le fait de marcher, ce qui peut sembler anodin, mais revêt en réalité une dimension insoupçonnée.
Des prêtres, diacres (et des religieuses pour les mamans) nous accompagnent et une équipe d’organisation prépare l’itinéraire, la logistique, le carnet de route…, et chacun est invité à mettre la main à la pâte pendant ces trois jours.
Cheminant sur les sentiers du magnifique parc naturel Morvan, entre lacs, rivières et collines, nous parvenons sur la colline de Vézelay le samedi après-midi, après les 2 jours de marche. Là, nous y retrouvons les autres chapitres. Près de 350 femmes mi-juin et environ 1100 hommes début juillet venus d’Ile-de-France, de Bourgogne, de Lorraine…. On installe alors le campement dans un grand champ, au pied du village. Et le samedi soir, nous entrons en procession dans la basilique, chapitre après chapitre nos voix résonant dans un même chœur, « nous sommes le corps du Christ » vers une soirée d’action de grâce inoubliable, se terminant par une procession au flambeau vers la temps où est exposé le Saint Sacrement. Le dimanche, on se retrouve à nouveau tous dans la basilique pour la messe dominicale avec les familles pour celles qui le souhaite.
Aujourd’hui, deux propositions sont faites sur le diocèse pour péleriner jusqu’à Vézelay. Mais nous pourrions être plus ambitieux et se dire que le diocèse pourrait largement rêver de plusieurs chapitres (au moins une vingtaine pères ou de mères) issus de diverses paroisses. Une chose est sûre : il faut pour cela un implication forte des prêtres et religieux pour créer la dynamique et des équipes de 5-6 laïcs prêt à porter l’organisation. A vous de jouer !
[1] Cantique de l’infinistère, Desclée de Brouwer, 2017
N. Hervouet et G. Lecerf
Novembre 2024
Pour le pèlerinage des pères :
pelerinageperes.vezelay95@gmail.com
Pour le pèlerinage des mères :
peledesfemmes95@gmail.com