Le journal du handicap de novembre 2024

Le handicap de naissance, suite à une maladie ou à un accident, marque notre humanité fragile et vulnérable. Handicaps moteurs ou mentaux, cognitifs ou psychiques, ils provoquent des limitations d’activité, des pertes d’autonomie et des restrictions à la participation à la vie sociale. Mais surtout, ils provoquent douleurs, souffrances, rejets, et parfois beaucoup de tristesse pour les personnes elles-mêmes et pour leurs proches. Par-delà les quelques évolutions législatives ou le succès magnifique des jeux para-olympiques, une difficulté persistante demeure en notre société : elle peine à se confronter vraiment à la question du handicap.

Certains en font l’expérience, le regard que les personnes handicapées portent sur leur vie est tout autre que celui des « bien-portants » portent sur elles et leur entourage. Une conversion de nos regards est à opérer. Comment nos communautés chrétiennes et plus largement nos sociétés se font-elles plus hospitalières à ces membres les plus fragiles ? Si quelques progrès ont été heureusement réalisés, les défis éthiques, politiques, économiques, sont encore devant nous pour promouvoir matériellement et socialement l’accueil, la vie, l’insertion des personnes en situation de handicap.
Philippe Pozzo di Borgo, Théo Curin, Grand Corps Malade, Philippe Croizon et bien d’autres nous interpellent et finalement nous édifient par leur combat, leur rayonnement et leur engagement en faveur de l’inclusion. En son temps, Saint Jean-Paul II l’attestait : « Le courage et la sérénité avec lesquels un grand nombre de nos frères, affectés de graves infirmités, mènent leur existence quand ils sont acceptés et aimés par nous, constituent un témoignage particulièrement puissant des valeurs authentiques qui caractérisent la vie et qui la rendent précieuse pour soi et pour les autres, même dans des conditions difficiles ».

Qu’il me soit permis, ici, de remercier tous ceux et toutes celles qui sont engagés dans la Pastorale des Personnes Handicapées (PPH) dans le Val-d’Oise. En allant à la rencontre des personnes fragilisées dans leur corps ou leur psychologie, enfants, jeunes ou adultes, elles privilégient l’attention à la personne. Par la compétence d’écoutant et le refus de l’isolement, par la qualité des relations, elles veulent prendre soin au nom du Christ compatissant qui entre en contact direct avec les porteurs de handicaps comme le relatent les évangiles. Elles s’engagent, selon leur charisme et en équipe, en lien avec les familles, les proches, les soignants, les aidants. Cet engagement ecclésial suppose bien sûr un appel et un envoi en mission, une formation, des temps de relecture et un ressourcement spirituel adaptés à la mission confiée.
Le pape François évoquait récemment le Magistère de la fragilité, comme un charisme vécu par les personnes handicapées qui « vient enrichir l’Eglise et peut aider à transformer les réalités dans lesquelles nous vivons, en les rendant plus humaines et plus accueillantes. Sans vulnérabilité, sans limites, sans obstacles à surmonter, il n’y aurait pas de véritable humanité ». Que cet enseignement et ce témoignage des personnes handicapées nous donnent de prendre conscience que, tous, nous portons la vie dans un vase d’argile.