« Notre programme, c’est le Christ. »

Retrouvez l’homélie de Mgr Benoît BERTRAND, prononcée lors de sa messe d’installation le dimanche 15 septembre 2024 à Osny.

Homélie de la messe d’installation
Par Mgr Benoît BERTRAND
Osny,  Dimanche 15 septembre 2024

 

Chers amis, quel bonheur et quelle joie de m’adresser à vous pour la première fois ! Dans la continuité mais aussi avec la nouveauté de l’accueil d’un évêque, nous allons ensemble écrire une page nouvelle, et je l’espère heureuse, pour notre vie, notre foi et pour le dynamisme missionnaire du diocèse de Pontoise. 

Nous allons ensemble écrire une page nouvelle, et je l’espère heureuse, pour notre vie, notre foi et pour le dynamisme missionnaire du diocèse de Pontoise.

La scène évangélique, [voir encadré Mc 8, 27-35] décrite il y a un instant, est certainement restée gravée, inoubliable, dans la mémoire des apôtres. Jésus est à Césarée de Philippe, une ville à dominante païenne, aux sources du Jourdain. Un site de fraîcheur et de verdure où l’eau coule généreuse. Trois des quatre évangiles font le récit de ce qui s’y est passé. Saint Luc relève que, dans cet endroit, Jésus se consacrait à la prière. Chez Saint Matthieu, le récit est plus détaillé avec, par exemple, la précision des clés du Royaume confiées à l’apôtre.

Chez Saint Marc, la profession de foi de Pierre résonne comme un coup de gong, précisément au milieu de l’Evangile.

Chez Saint Marc, la profession de foi de Pierre résonne comme un coup de gong, précisément au milieu de l’Evangile. Depuis le début, en effet, on s’étonnait devant Jésus : « Qui donc est cet homme ? ». Pierre est là et il donne sa réponse. Simon, on le sait, est toujours le premier à offrir sa barque ou sa maison, à parler au nom des autres, à protester ou à marcher sur les eaux : un tempérament de feu, dira-t-on… un peu présomptueux, certes, mais direct, sans détour. Ce jour-là donc, à Césarée, ce sera le grand tournant de sa vie. « Et vous, dit Jésus, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? ». Pierre, comme d’habitude au nom des autres, a le courage de se lancer. Sans hésiter, il donne une réponse étonnante, unique jusqu’alors dans l’histoire d’Israël : « Tu es le Christ ». Que s’est-il donc passé ? Comment Pierre a-t-il pu ainsi dire le cœur de la foi ? Pierre a-t-il trouvé la vérité ? Non, mes amis, il l’a reçue. Car ce ne peut être « ni la chair, ni le sang » comme dit Jésus, ni nos recherches – si nécessaires pourtant – qui, seules, peuvent aboutir. Mais c’est le Père qui révèle le mystère du Fils.

Sans hésiter, Pierre donne une réponse étonnante, unique jusqu’alors dans l’histoire d’Israël : « Tu es le Christ ».

Frères et sœurs, notre religion n’est pas le fruit de notre imagination mais elle est révélation de Dieu, car l’amour véritable se donne. « Tu es le Christ ». Avec ces mots, Pierre a tout dit. Et, par sa bouche, l’Eglise commence alors à parler. Il en est ainsi des heures décisives de nos vies. Lors d’une épreuve, d’un grand bonheur, d’une conversion, d’un engagement ou d’une célébration, comme celle de cet après-midi, une lumière peut jaillir. Voilà que des mots montent sur nos lèvres. Dieu nous révèle son nom, il nous donne de dire la foi. Permettez-moi alors, en ce jour si particulier de mon installation à votre service, de vous livrer un double message.

Premier message. Pierre dit : « Tu es le Christ ». Paul proclame : « Ma vie, c’est le Christ ». Marie-Madeleine affirme : « Tu es mon Bien Aimé ! ». Thomas s’exclame : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Durant les Jeux olympiques, des sportifs ont aussi témoigné de leur foi : une sprinteuse ivoirienne affirme courir pour la gloire de Dieu, à Roland Garros au moment où il remporte la médaille d’or Novak Djokovic trace lentement sur lui le signe de la croix… Quant à Teddy Riner, le saint Louis du tatami, il ne craint pas de dire que sa foi l’accompagne et le porte dans le sillage de son éducation catholique. Et vous-mêmes, que dites-vous ? Chacun, bien sûr, a sa réponse. C’est si personnel, n’est-ce pas ? Il est bon, de temps à autre, de relire son chemin de croyant. Une foi qui a traversé les âges : foi dans laquelle nous avons été plongés au jour de notre baptême, foi reçue et enseignée par la tradition familiale et ecclésiale, la foi vécue comme une aventure, la foi peut-être aussi discutée, crainte, parfois mise entre parenthèses ou rejetée… Le grand dominicain, Henri Lacordaire disait un jour : « Il y a des choses qu’on ne voit comme il faut qu’avec des yeux qui ont pleuré ». La foi devient alors plus adulte, plus mûre, elle est participation à la longue marche de l’Eglise… Et puis, un jour du temps, cette foi est devenue comme un appel personnel et unique. Du coup, tout était net, incisif, sans détour…

Le grand dominicain, Henri Lacordaire disait un jour : « Il y a des choses qu’on ne voit comme il faut qu’avec des yeux qui ont pleuré ».

Chers amis du Val-d’Oise, et vous en particulier les jeunes, je vous invite, et de grand cœur, à redécouvrir la foi au Christ comme une déclaration de bonheur. Oh, ce bonheur n’est pas nécessairement celui que procure une santé florissante ou les plaisirs éphémères. Il ne comporte pour personne l’assurance d’être protégé des intempéries de l’existence. Mais ce bonheur de la foi repose sur ce que les hommes et les femmes ont failli ne pas remarquer. Ce fut au commencement, l’affirmation de Pierre : « Tu es le Christ ». Ces quatre mots vont traverser les siècles et les générations pour nous rejoindre ici à Osny cet après-midi. Et vous, que dites-vous ? Une catéchumène se souvient : « La foi des apôtres m’a rendu heureuse, c’est pour cela que j’ai demandé le baptême ». « Et vous, que dites-vous, pour vous qui suis-je ? » Frères et sœurs, en ce mois de rentrée, prenons un peu de temps pour relire, parcourir, contempler notre vie de foi. Elle est notre trésor !

Chers amis du Val-d’Oise, et vous en particulier les jeunes, je vous invite, et de grand cœur, à redécouvrir la foi au Christ comme une déclaration de bonheur.

Deuxième message. Pierre a donc confessé la foi et, immédiatement, Jésus lui confie la charge de l’Eglise. Dans un même mouvement, la révélation du Christ est aussi un envoi en mission. « Marchez à ma suite », dit Jésus. « Viens, suis-moi ». C’est-à-dire : « Sois-moi, communie à ma vie et à ma mission, porte ta croix ». Toute la Bible est parsemée de ces paroles de défis, elles sont une promesse : « Tu seras sauvé ». Toute la Bible chante, finalement, la disproportion entre ce que nous sommes et ce que nous pouvons devenir dans la grâce de la foi et d’une mission reçue. Lorsque nous recevons de Dieu son nom et son visage, nous avons la terre en partage, nous devenons responsables les uns des autres, nous nous voyons confier nos familles, l’Eglise, notre diocèse, nos paroisses, aumôneries, nos mouvements, associations, et services. Quelle grâce et quel bonheur ! Depuis quelques jours, on m’interroge : quel est votre programme ? Immanquablement, je réponds : Notre mission, c’est de montrer le Christ, de conduire au Christ. Cette mission est lumineuse, pacifiante même ! Notre programme, c’est le Christ. Ce programme ne changera pas : servir et aimer au nom de Jésus. Ecouter, pardonner, soulager au nom de Jésus. Prier au nom de Jésus. Agir au nom de Jésus, car une foi sans les œuvres est morte, a écrit a saint Jacques. 

Notre mission, c’est de montrer le Christ, de conduire au Christ. Cette mission est lumineuse, pacifiante même !

Chers amis, « si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ ». Soyons créatifs, imaginatifs pour accueillir et aller à la rencontre de celles et de ceux qui sont loin de la foi, à distance de l’Eglise. Comment serons-nous attentifs, quels que soient nos âges et nos charismes, aux appels, aux grands rendez-vous de la grâce ? Le défi, chers amis, est d’être, précisément, attentifs, disponibles. Une même foi nous unit. Un même Evangile nous appelle et nous envoie. Il s’agit d’annoncer les merveilles de Dieu : son salut, sa bonté, sa proximité. 

Je termine par un souhait. Il est un moment qui m’impressionne toujours, quant à la fin d’une messe, on voit s’ouvrir les portes de l’église. Je me souviens alors d’une parole du pape François. Il cite un passage de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe », dit le Seigneur. Et le pape commente : le Christ est dans l’église. Il frappe à la porte car il veut sortir de l’église et rejoindre l’extérieur. Ouvrez les portes, mes amis. Ouvrez les portes ! Le Christ que nous avons reçu dans la liturgie veut sortir, rejoindre vos appartements, vos maisons, vos entreprises, vos villes et vos cités. Il veut partir à votre rencontre, vous les jeunes, dans vos collèges, lycées, dans vos universités. Il veut rejoindre les personnes les plus fragiles, les plus modestes. Dans un monde pluriel où la diversité des propositions culturelles et religieuses se mêlent, comment être attentifs à ne pas manquer certains grands carrefours de la vie sociétale : mondes économique et scientifique, la recherche, les média, la culture, le sport… Ce n’est pas simplement une question d’ouverture au monde mais c’est une exigence intérieure à la réalité chrétienne : la mission nous appelle à vivre de Dieu dans le monde pour que le monde, s’il le veut bien, s’ouvre à Dieu !

Le Christ est dans l’église. Il frappe à la porte car il veut sortir de l’église et rejoindre l’extérieur. Ouvrez les portes, mes amis. Ouvrez les portes !

Jeune Eglise de Pontoise, merci de ton accueil. Nous allons marcher, « avancer ensemble », comme nous l’avons si bien chanté. Nous allons grandir ensemble dans la foi au Christ. Nous serons, chacun et tous, conduits sur les chemins de la mission. Eglise de Pontoise, encore et toujours, ouvre tes portes. Soit une Eglise de plein air comme en ce jour béni… Qu’il nous soit donné d’être, ensemble, l’Eglise de la rencontre et l’Eglise de la joie ! Amen. 

Mgr Benoît BERTRAND
15 Septembre 2024
Photo : Rodrigues Production

 
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secretariat.eveque@catholique95.fr

Evangile selon saint Marc
(Mc 8, 27-35)

En ce temps-là,
Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples,
vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe.
Chemin faisant, il interrogeait ses disciples :
« Au dire des gens, qui suis-je ? »
Ils lui répondirent :
« Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres, un des prophètes. »

Et lui les interrogeait :
« Et vous, que dites-vous ?
Pour vous, qui suis-je ? »
Pierre, prenant la parole, lui dit :
« Tu es le Christ. »
Alors, il leur défendit vivement
de parler de lui à personne.

Il commença à leur enseigner
qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup,
qu’il soit rejeté par les anciens,
les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué,
et que, trois jours après, il ressuscite.
Jésus disait cette parole ouvertement.
Pierre, le prenant à part,
se mit à lui faire de vifs reproches.
Mais Jésus se retourna
et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre :
« Passe derrière moi, Satan !
Tes pensées ne sont pas celles de Dieu,
mais celles des hommes. »
Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit :
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite,
qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix
et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra ;
mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile
la sauvera. »

Intervention finale
de Mgr Benoît BERTRAND

Jeunes Unicef

Chers amis, il est beau le Saint Peuple de Dieu. Elle est belle l’Eglise quand elle se rassemble pour bénir son Seigneur, écouter sa Parole, célébrer son eucharistie et servir la fraternité ! Oui, merci Seigneur pour ton Eglise, elle vit, elle se renouvelle, se purifie et grandit. Merci, frères et sœurs, Mesdames et Messieurs, pour votre accueil chaleureux en ce jour si particulier. Je suis heureux d’être, désormais et pleinement, à votre service. Il me faudra bien sûr du temps pour vous connaître, le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui. Mais me voici tout à vous. Je désire vous servir autant qu’il me sera possible. Je suis votre évêque. Vous êtes désormais mon Eglise et j’en suis heureux !

Nous sommes certainement fort différents quant à nos convictions religieuses. Certains, parmi nous, sont profondément croyants, impliqués dans la vie du diocèse. D’autres, probablement, sont en quête, en recherche. Certains disent, peut-être, ne pas croire en Dieu mais sont présents par amitié, respect, estime, sollicitude. Merci à tous, votre présence me touche et elle honore l’Eglise !

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