Décès de Philippe Magne, diacre permanent

Cher ami, tu es devenu un compagnon de route au sein de la diaconie diocésaine tant comme membre de l’équipe diocésaine que du conseil diocésain de la diaconie. Ta première mission comme aumônier-adjoint du Secours Catholique-Caritas diocésain correspond bien à ta volonté de servir le Seigneur à travers le service des personnes les plus fragiles et vulnérables de notre société, touchées ou submergées par la pauvreté et l’exclusion. C’est naturellement que ta mission diocésaine s’est ensuite ancrée et élargie aux « personnes sans domiciles et à la rue ». Mais je sais – et tu me l’as dit souvent – ô combien ces expressions « sans domicile » et « à la rue » t’irritaient car elles sont la marque d’avenir bouché, sans issue, sans espoir. Tu préférais parler de « personnes en attente de logement, de personnes en attente de travail… » voulant ainsi exprimer que même les personnes en grande situation de pauvreté et d’exclusion ont toujours un meilleur avenir possible et que, après la nuit de la souffrance et de la pauvreté, il y a toujours la lueur de l’aube et de l’espérance. Tu as été marqué et tu m’en as souvent parlé par les obsèques de gens de la rue que tu as célébrées ou auxquelles tu as participé, touché que tu étais par la solidarité et la beauté de leurs compagnons d’infortunes lors de tels évènements.

J’ai été le témoin de ton compagnonnage avec les personnes vivant la pauvreté et l’exclusion. Tu as vécu cela avec charité, conviction et énergie auprès des amis qui fréquentaient le « Centre Hervé Renaudin », à proximité de l’église Notre-Dame de Pontoise. Cette proximité avec les pauvres, tu la vivais avec eux très concrètement chaque mardi, partageant et servant le petit déjeuner aux bénéficiaires du centre et tu partageais avec eux la parole de Dieu à partir de textes d’évangiles que tu avais choisis. Tu avais la foi et ce désir de conviction – de la partager avec les plus pauvres « chevillés au corps » comme l’on dit. Tu as été si heureux du rassemblement  « Diaconia 2013 » où tu as partagé la joie spirituelle et fraternelle avec les plus fragiles. Tu as vécu avec bonheur les pélerinages de l’Espérance à la Cité Saint-Pierre à Lourdes, le pèlerinage « Fratello » à Rome au cours duquel le Pape François a rencontré les pauvres dont une délégation de notre diocèse.

Vivre un chemin de fraternité avec les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion : telle était ta mission, telle est devenue ta vocation : ouvrir des chemins de fraternité et de foi avec et à partir des personnes vivant des situations de grande pauvreté et d’exclusion. Te tenait à coeur le fait que ce chemin de fraternité soit partagé et au centre de la vie de l’église diocésaine. Tu m’as souvent exprimé tes regrets et ta déception de voir que cette préoccupation n’était pas toujours prioritaire dans certaines paroisses et auprès de certains fidèles alors qu’elle aurait dû selon toi être au coeur de toute pastorale locale et paroissiale comme y invitait Mgr Lalanne dans ces lettres pastorales.

Tu étais un serviteur ne sachant pas dire non aux services qui t’étaient demandés. En même temps, tu étais heureux de servir tant dans ton rôle de diacre à l’eucharistie qu’à l’occasion de célébrations de baptêmes, mariages et funérailles. Tu fus si heureux de t’investir et de te donner comme diacre, pendant les pèlerinages diocésains à Lourdes, lors de l’ostention de la Sainte Tunique à Argenteuil…

« Servir le Seigneur en tous temps et en tous lieux » pourrait être ta devise. Cette disponibilité et cette action de grâce, tu la vivais intensément dans ta prière de la liturgie des heures. Et tu animais avec beaucoup de joie cette prière au milieu et avec tes frères diacres lors de nos rencontres et retraites de la fraternité.

Pour annoncer ton ordination, qui eut lieu le 27 septembre 2009 avec notre frère Louis-Bède Omgba, tu as inscrit cette belle Parole du Seigneur en Jean 15 ,16 : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués  pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure ».

Merci Philippe, cher frère, cher ami, auprès de toi, et avec toi, avec tous nos frères diacres et les épouses nous sommes unis par la prière et rappelle-toi ces parole de l’évangile de Luc : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » Merci de l’avoir vécu et en avoir témoigné au milieu de nous.