Messes d’action de grâce
à Sarcelles et à Argenteuil

Dimanche 30 juin 2024, deux messes d’action de grâce ont été célébrées à Sarcelles et à Argenteuil pour remercier Mgr Stanislas Lalanne pour les 11 ans au service du diocèse. Lire son homélie.

Homélie de Stanislas Lalanne
A Sarcelles et Argenteuil
Dimanche 30 juin 2024

Nous venons d’entendre un Evangile où le Christ rencontre, sur son chemin, des hommes et des femmes confrontés à ces ultimes questions de la maladie et de la mort. A moins de sombrer dans l’amnésie ou de se réfugier dans l’illusion d’un monde aseptisé, personne n’échappe vraiment à ces questions qui habitent le cœur de tout homme et de toute femme.

C’est donc l’histoire de cette femme dont on ne connaît pas le nom ; on sait seulement sa maladie : des pertes de sang qui rendent impossible sa capacité d’enfanter. Elle est atteinte dans sa féminité et, dit l’Evangile avec beaucoup d’humour, les médecins ont plus empiré que soulagé son état !

Et que fait-elle ? Tout simplement, elle cherche à « toucher » Jésus. Combien de personnes autour de nous, dans le Val-d’Oise, sont exactement dans la même situation, parfois n’osent pas… Etant donné son impureté, c’est pour elle un acte de transgression, non pas par provocation mais tout simplement parce qu’elle reconnaît en Jésus Celui qui peut lui rendre sa dignité.

Je pourrais témoigner devant vous de tant et tant de catéchumènes, de confirmands, jeunes et adultes, qui m’ont invité si souvent à l’action de grâce et qui m’ont confié que Dieu leur avait rendu leur dignité, les avait littéralement sauvés…

« Ta foi t’a sauvée », « sois guérie de ton mal. »

L’Evangile serait-il devenu ce livre d’histoires merveilleuses faisant du Christ le magicien de nos vies ? Pas du tout, car l’enjeu de ce récit, c’est que cette femme est rendue à sa dignité.

Vous le savez par expérience personnelle : ce qui nous relève, ce qui nous remet debout, c’est la confiance partagée qui fait que l’autre n’est plus une menace mais un allié et un partenaire. Je l’ai expérimenté avec bonheur dans vos communautés. Avec Dieu, cette expérience peut se vivre à la démesure de l’Amour.

C’est quand on se laisse toucher – au sens de devenir vulnérable – que nous sommes guéris de tout ce qui nous paralyse, de tout ce qui nous empêche d’être des donneurs de vie. C’est pour cela que nous sommes créés : le bonheur ne se trouve qu’en partageant à profusion ce que nous avons reçu, c’est-à-dire la vie !

Et puis vient cet homme, Jaïre, dont on sait qu’il est chef de synagogue. Il ne vient pas pour lui, mais pour sa fille qui est à toute extrémité. Ici aussi, la confiance lui fait dépasser les conventions qui veulent qu’un chef de synagogue ne se prosterne pas devant Jésus déjà mal considéré par les autorités religieuses de son temps.

Jésus répond à l’invitation ; apparemment, cela ne sert plus à rien puisque, dit le texte, sa fille est morte. Mais Jésus prend avec lui ceux qui seront particulièrement présents au moment de la Transfiguration et de la Passion, à Gethsémani : Pierre, Jacques et Jean.

On apprend alors que cette fille avait 12 ans, l’âge où elle va pouvoir devenir mère. C’est l’âge où l’enfant fait sa bar mitzvah dans le judaïsme et sa profession de foi dans le christianisme. 12 ans, le nombre d’années de la maladie de cette femme. Et voici Jésus qui lui dit : « Talitha koum », c’est-à-dire : « Eveille-toi ». C’est la mort qui dit la résurrection, la victoire du Christ sur la mort.

Alors, Jésus a-t-il ressuscité cette enfant ? Pas au sens de la résurrection du Christ car il s’agit pour lui d’une vie toute nouvelle qui n’est en rien un retour à un état antérieur. Cette fille est réveillée à la vie qu’elle a déjà connue et elle mourra un jour, comme tout le monde. De quoi s’agit-il alors ? Une fois encore, le Christ vient nous réveiller de notre sommeil, c’est-à-dire aussi de nos torpeurs, de nos aridités qui sont toujours signes de mort.

Et le fait que l’événement se passe, pour cette fille, à l’âge de ses 12 ans, est une façon de redire avec force que le Christ est Celui qui nous rétablit dans notre dignité humaine au niveau de ce qu’il y a de plus essentiel.

Et dans la foi, c’est la reconnaissance que l’homme ne réalise pleinement son humanité que dans la confiance en Dieu. L’homme trouve sa véritable grandeur dans sa confiance en Dieu.

Comment cet Evangile peut-il résonner dans nos vies et dans le monde ? Je crois que nous sommes tous en attente ou en expérience de bonheur. Tous aussi, nous sommes confrontés à la souffrance, à la maladie et jusqu’au mystère même de la mort.

Au cœur de ces quêtes essentielles comme au cœur des réalités, souvent dures, difficiles, auxquelles nous sommes confrontés, il faut redire, avec force et avec foi, que la vie a un sens, que l’absurde et le néant ne sont pas le terminus de notre destinée humaine. C’est votre mission aux uns et aux autres.

Mais comment croire à l’humanité, diront certains,

  • lorsque des jeunes sont assassinés,
  • lorsque des hommes banalisent la violence,
  • lorsque le racisme et l’exclusion gagnent du terrain,
  • lorsque la misère aboutit à des conditions de vie infrahumaines, etc. ?

Il n’y a pas de solutions-miracles mais l’Evangile de ce dimanche peut nous aider à frayer des chemins d’espérance. Il y a, dans le cœur de l’homme, des ressources insoupçonnées pour faire triompher la vie, pour faire goûter aux saveurs de la joie, pour dire l’émerveillement de l’amour. Je peux en attester.

Mais, pour cela, il faut décaper ce cœur de son écorce de suffisance : combien de blessures ne demandent qu’à être guéries ? Seul le surcroît d’amour nous guérit de tous nos manques d’amour. Et c’est l’expérience de l’Evangile.

Toute la vie du Christ est là pour nous inviter à entrer avec lui dans une alliance qui nous remet debout et qui nous rétablit dans notre véritable dignité. Nous sommes tous les contemporains de ces femmes de l’Evangile qui ont osé la confiance et qui ont été libérées de ce qui les empêchait de vivre debout. Mais nous ne sommes debout que parce que nous avons été relevés.

Nous avons entendu Jaïre demander à Jésus : « Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » C’est ce même geste que nous reprenons dans la vie sacramentelle de l’Eglise pour que ce soit la même vie, celle du Christ, qui s’écoule dans nos vies.

Quelle joie pour moi d’avoir tant et tant de fois imposé les mains :

  • en particulier à Lourdes, lors des célébrations de l’onction des malades,
  • lors des si nombreuses célébrations de confirmations de jeunes et d’adultes,
  • lors de l’ordination de 9 prêtres et 13 diacres.

Vous n’imaginez pas combien semaine après semaine, depuis avril 2013, vous m’avez invité à l’action de grâce, combien vous avez éclairé mon ministère auprès de vous, combien vous avez stimulé ma foi et mon espérance, combien vous avez nourri ma prière…

Chers amis, c’est à la même foi que nous sommes appelés : celle de Jaïre, celle de cette femme anonyme dans la foule. Celles de Pierre et de Paul que nous avons fêtés hier. Ce n’est pas sans nous que Jésus veut nous sauver. Alors, que Dieu vous garde tous dans cette foi et cette espérance qui, pour ma plus grande joie, animent vos communautés et vos pasteurs. Amen.

Photos Sarcelles : Martial BEAUVILLE
5 juillet 2024

 
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Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 
(Mc 5, 21-43)

En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui.
Il était au bord de la mer.
Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre.
Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains
pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. »
Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.

Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – elle avait beaucoup souffert
du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – … cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement.
Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »
À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal.

Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? »
Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” » Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela.

Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.  Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »

Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. »

Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.

Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant.

Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur. Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.

Source : AELF
Image : Evangile et peinture


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