Le diocèse de Pontoise :
des origines à nos jours
Fondé en 1966, le diocèse de Pontoise est l’un des plus « jeunes » de France. Ses origines remontent pourtant au IIIe siècle. Découvrez la riche histoire de l’Eglise catholique qui est en Val-d’Oise !
Aux origines du diocèse : l’évangélisation du Vexin
Selon la tradition, le Vexin français est évangélisé à partir de la seconde moitié du IIIe siècle par saint Nicaise accompagné de deux martyrs, Quirin et Scubicule. Jusqu’à la Révolution française, les paroisses actuelles sont réparties entre les diocèses de Rouen, Paris, Beauvais et Senlis. L’ancienne paroisse Saint-Mellon témoigne de cette histoire : le premier évêque de Rouen mort au début du IIIe siècle lui a donné son nom.
Le Val-d’Oise actuel et les diocèses d’Ancien Régime (source : LOURS Mathieu (dir.), Églises du Val-d’Oise. Pays de France, Vallée de Montmorency, Gonesse, Société d’histoire et d’archéologie de Gonesse et du Pays de France, 2008, p. 8. – Réalisation : HD Création)
Un territoire disputé entre les rois de France et les ducs de Normandie
La ville de Pontoise se situe dans une zone d’influence qui voit s’affronter, du Xe au XIIe siècle, les rois de France et les puissants ducs de Normandie qui se disputent le contrôle du Vexin français. Cette région est définitivement annexée par Philippe Auguste à la couronne de France en 1195. En raison de sa proximité géographique avec Paris, Philippe Auguste, Louis VI le Gros, Saint Louis ou encore Blanche de Castille séjournent à de nombreuses reprises dans la ville, élan qui permit son épanouissement aussi bien économique que religieux aux XIIe et XIIIe siècle.
Dévotion et piété autour des reliques
Les reliques de deux personnages attirent en nombre les fidèles. Celles de Saint-Mellon, premier évêque de Rouen, sont déposées au IXe siècle dans l’église Saint-Mellon pour les mettre à l’abri des invasions normandes. Elles auraient été perdues dans les années suivant la Révolution.
Les reliques de saint Gautier semblent avoir subi le même sort. Né vers 1030 et mort en 1099, saint Gautier exerce en tant que professeur de philosophie et de rhétorique avant que lui soit confiée la crosse de l’abbaye Saint Martin par Philippe Auguste en 1069. Reconnu pour son humilité et sa modestie, les fidèles se pressent auprès de ses reliques déposées dans l’abbaye Saint-Martin. Son tombeau est aujourd’hui visible dans l’église Notre-Dame.
Moulages de sceaux conservés aux archives diocésaines (crédit photographique : Service communication du diocèse de Pontoise)
Prospérité et élan religieux à Pontoise au tournant du second millénaire
Pour ces différentes raisons, nombre de bourgeois et marchands s’installent à Pontoise, cité attractive bénéficiant d’une certaine autonomie politique grâce à la charte communale octroyée par Philippe Auguste en 1188. Des ouvriers anglais viennent même y travailler le drap et un atelier de frappe monétaire y est installé ! La foire qu’organisent les moines de l’abbaye Saint-Martin, où l’on y vend vins, harengs et autres marchandises environnantes, en témoigne également.
Le maillage religieux de la ville est organisé autour de cinq églises paroissiales – Notre-Dame, Saint-Maclou, Saint-André (élevée au pied des fortifications), Saint-Mellon (élevée rue du château) et Saint-Pierre (élevée vers 980 rue de la Roche) – auxquels s’y ajoutent l’abbaye Saint-Martin et une Maison-Dieu – équivalent d’un hôpital destiné à accueillir les pèlerins pauvres et les malades – sur la place du petit Martroy.
La rive gauche de l’Oise n’est pas en reste puisque Blanche de Castille, reine puis régente du royaume de France entre 1223 et 1235, fonde l’abbaye cistercienne féminine de Maubuisson, également appelée abbaye Notre-Dame-la-Royale, en 1236. D’abord élevée en tant que lieu d’accueil spirituel pour les femmes de la noblesse, l’abbaye sert de résidence royale – Philippe IV le Bel y signe l’ordre d’arrestation des Templiers en 1307 par exemple – puis de nécropole royale jusqu’au XVIe siècle.
La ville et chasteau de Pontoize, gravure de Claude Chastillon (vers 1655).
On y reconnaît notamment en A l’église Saint-Maclou, en B l’église Saint-Pierre, en C l’église Saint-Mellon, en D le couvent des Cordeliers, en K l’Hôtel-Dieu, en M le château royal et en N l’abbaye Saint-Martin (lieu de conservation : Musée Tavet-Delacour)
De la guerre de Cent Ans aux guerres de Religion, un temps troublé
Divers maux s’abattent sur Pontoise et le Vexin à partir du début du XIVe siècle : restriction de son autonomie politique, retrait de ses droits de péage au profit du roi de France, baisse de la population en raison des épidémies de peste ravageant l’Europe dans les années 1340 et 1400, prise de la ville par les Anglais à plusieurs reprises entre 1417 et 1441, siège armée de Pontoise en 1598 contre les partisans de la Ligue, etc.
Une pratique religieuse retrouvée au début du XVIIe siècle
Malgré ces troubles, des nouveaux établissements religieux sont élevés et la pratique religieuse demeure forte dans la ville. Fondé en 1360, le Couvent des Cordeliers qui sert aujourd’hui d’Hôtel de Ville a accueilli une école de théologie, les assemblées du clergé au XVIIe siècle ainsi que plusieurs sessions du Parlement. En 1670, Jacques Bégnine Bossuet y est sacré évêque.
Barbe Avrillot, plus connue sous les noms de Madame Acarie et Sœur Marie de l’Incarnation, fonde quant à elle le Carmel de Pontoise en 1605 où elle s’y réfugie en décembre 1616. Le Carmel connaît un rayonnement important dans la région, en particulier concernant l’enseignement de la prière qui y est donné, et exerce une influence importante sur la Réforme catholique.
L’établissement, qui bénéficie de la protection des reines de France Marie de Médicis et Anne d’Autriche, est toujours en activité aujourd’hui. À l’occasion d’une de ses visites le 12 août 1645, Anne d’Autriche remet au Carmel un reliquaire qui disparait à la Révolution. Il réapparaît il y a quelques années lors d’une vente aux enchères à Alençon. Il est aujourd’hui conservé aux Archives départementales de l’Orne.
Profil de la ville de Pontoise, estampe d’Israël Silvestre (1650)
(lieu de conservation : Bibliothèque nationale de France)
Aux origines du pèlerinage Notre-Dame de Pontoise
La ville de Pontoise a été confrontée à plusieurs épisodes de peste en 1583, 1623, 1633 et 1638. Un premier pèlerinage est organisé dès septembre 1583, puis un autre l’année suivante à destination de Mantes durant lequel six à sept mille personnes ont pèleriné.
Il faut cependant attendre l’épidémie de 1638 durant laquelle plus de mille personnes sont décédées pour trouver les origines du pèlerinage qui se perpétue de nos jours. À cette occasion, un vœu solennel est prononcé par la ville qui promet d’offrir une statue d’argent de la Vierge à l’église Notre-Dame et de placer une image de la Vierge aux trois portes principales de la ville. Ce vœu est renouvelé plusieurs fois les 8 septembre 1726, 1838 et 1938.
La chapelle de la Vierge dans l’église Notre-Dame est érigée seulement en 1862 suivant les plans de l’architecte Pierre Fontaine. Les délibérations du conseil de la fabrique de l’église paroissiale nous apprennent alors que le terrain retenu, avant travaux, « était un réceptacle d’immondices » ! La chapelle est officiellement bénie le 16 juin 1873 en la présence du Père Louis Chauvet, vicaire général du diocèse de Versailles.
Plan des travaux de la chapelle de la Vierge en l’église Notre-Dame (1862)
Lieu de conservation : Archives diocésaines de Pontoise
La Révolution ou l’occasion manquée d’ériger Pontoise en diocèse
Le nouveau découpage de la France en départements à l’issue de la Révolution aurait pu faire espérer la création d’un diocèse à Pontoise, vœu non exaucé. Dès lors, Pontoise et les paroisses constituant le diocèse actuel intègrent le diocèse de Versailles dont les délimitations épousent celles du département de la Seine-et-Oise.
De cette période, l’Église locale ressort avec un nouveau visage : les sœurs du Carmel sont expulsées, le couvent des Ursulines est fermé et ses bâtiments sont démolis, l’église Notre-Dame est transformée en grange à foin, l’abbaye de Maubuisson est convertie en hôpital, tandis que les églises Saint-Pierre et Saint-André sont démolies. À la suite de la signature du Concordat de 1801, les églises encore debout sont rendues au culte et l’église Saint-Maclou devient le lieu privilégié de célébration des fêtes et Te Deum.
Dans les décennies suivantes, de nouveaux établissements disparaissent : les bâtiments restants du couvent des Cordeliers sont démolis entre 1857 et 1863 pour permettre la création de la place de l’Hôtel de Ville, tandis que l’Hôtel-Dieu créé sous le règne de Saint-Louis et longeant les bords de l’Oise, bien que réhabilité entre 1823 et 1827, est rasé à la suite des bombardements de juin 1940.
Une création récente faite de contrastes
Finalement, il faut attendre le décret pontifical du 9 octobre 1966 pour voir l’érection du diocèse de Pontoise. Mgr André Rousset, son premier évêque, est intronisé en la cathédrale Saint-Maclou le 27 novembre et quatre évêques se succèdent à sa suite : Mgr Thierry Jordan (1988-1999), Mgr Hervé Renaudin (2001-2003), Mgr Jean-Yves Riocreux (2003-2012), Mgr Stanislas Lalanne (depuis 2013).
Le diocèse se distingue par sa nature cosmopolite et ses contrastes : aux villes très urbanisées et constituant le poumon économique du département s’oppose la zone rurale du Vexin moins densément peuplée dont les terres sont essentiellement vouées à la production agricole. La population qui le compose se démarque également par son cosmopolitisme et la diversité de ses origines.
Une Église locale jeune et dynamique
Au fil de ses bientôt 60 ans d’existence, de nombreux événements ont ponctué la vie du diocèse : adhésion à la Mission ouvrière en septembre 1967, création d’aumôneries des services psychiatriques dans les hôpitaux, création d’une équipe diocésaine pour l’aumônerie de l’enseignement public en 1984, réorganisation du dispositif pastoral suite à la création de la Ville Nouvelle de Cergy-Pontoise dans les années 1970, consécration de l’église Ozanam à Cergy le 26 septembre 2004, rassemblement diocésain des 26 et 27 avril 1986 et jubilé de 2006 pour la célébration des 20 puis des 40 ans du diocèse, ostension de la Sainte-Tunique d’Argenteuil en 2016, Grande assemblée des 19 et 20 mai 2018, etc.
La Grande Assemblée, célébration du 20 mai 2018
(crédit photographique : Christophe Prouvost)
Alexis Hamelin, archiviste
Février 2023
Le service des archives diocésaines
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